Décès d'Henri Ciriani | Portrait d'un architecte visionnaire
L'architecture française vient de perdre une de ses figures les plus marquantes : Henri Ciriani, architecte d'origine péruvienne naturalisé français, s'est éteint le 3 octobre à l'âge de 89 ans. Premier lauréat de l'Équerre d'argent en 1983, il laisse derrière lui un héritage architectural et pédagogique considérable.
Arrivé en France en 1963, Henri Ciriani a profondément marqué plusieurs générations d'architectes. Son enseignement à l'École d'architecture de Paris-Belleville, où il a créé le légendaire groupe UNO en 1977, reste gravé dans la mémoire de ses étudiants. Personnalité charismatique mais clivante, il était connu pour ses formules percutantes et son approche sans concession de l'architecture.
Parmi ses œuvres majeures, on retrouve l'Historial de la Grande Guerre à Péronne (1992) et le musée de l'Arles antique (1995). Fervent défenseur du logement social, il militait pour qu'il obtienne le statut de monument urbain, au même titre que les équipements culturels. Cette philosophie transparaît dans l'ensemble de son œuvre.
Récompensé du Grand Prix national d'architecture en 1983 et de la Grande médaille d'or de l'Académie d'architecture en 2012, Henri Ciriani incarnait une certaine vision de la modernité architecturale française.
Trophées Eiffel 2025 | Huit projets primés
L'association ConstruirAcier a dévoilé les huit lauréats des Trophées Eiffel 2025, qui récompensent des projets architecturaux réalisés en acier. Plus de 300 professionnels ont assisté à cette onzième édition, présidée par Dietmar Feichtinger. Les réalisations primées illustrent la polyvalence de l'acier : passerelle mobile au Havre, serre géodésique bioclimatique, toiture rétractable du court Suzanne-Lenglen, médiathèque à Velaines et réhabilitations diverses.
La filière acier affiche ses ambitions environnementales avec plus de 1000 FDES (Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire) disponibles sur la base Inies. Cette démarche s'inscrit dans une économie circulaire concrète, comme l'a souligné le délégué général Aurélien Trutt. Les initiatives de décarbonation positionnent l'acier comme matériau crédible pour la construction bas carbone.
Le concours étudiant, axé sur le hors-site et l'économie circulaire, a également distingué plusieurs projets innovants. L'édition 2026 se tiendra exceptionnellement en juin à la Cité de l'architecture, coïncidant avec le 140e anniversaire des syndicats de la construction métallique française.
Construire moins mais mieux | Les architectes face aux défis du XXIe siècle
Les Rencontres de la Stratégie Nationale pour l'Architecture du 16 octobre ont mis en lumière les tensions qui traversent la profession. Face à 2,8 millions de demandeurs de logement social, Nicola Delon (Encore Heureux Architectes) et Céline Tignole (ingénieure des Ponts) ont débattu de la nécessité de construire. Entre impératifs sociaux et limites écologiques planétaires, l'architecte prône la qualité sur la quantité.
La transition écologique divise également. Philippe Rahm défend un "régionalisme climatique" inspiré des solutions méditerranéennes, tandis que Sophie Potin (Bouygues) soulève la controverse en prônant "plus d'usage avec moins de mètres carrés". Des propos qui ont fait réagir l’auditoire, qui s’est insurgé contre cette vision perçue comme austère.
Fanny Costecalde (éjo.coopérative) évoque une pratique de "médecin de campagne" dans les territoires ruraux, ce qui contraste avec les grands projets urbains. Une diversité qui illustre une architecture du quotidien, incarnée par des réalisations variées : résidence seniors, bâtiments agricoles et réhabilitations universitaires, témoignages d'une discipline en pleine mutation face aux défis contemporains.
Versailles | Une cité-jardin de 550 logements émerge discrètement aux portes du domaine royal
Sur l'ancienne caserne Pion, aux portes du domaine de Versailles, Icade Promotion développe un projet urbain de 48 600 m² soigneusement conçu pour rester invisible depuis le parc royal. Cette cité-jardin contemporaine, imaginée par le paysagiste Michel Desvigne et l'architecte Adrien Lambert, s'étend sur 20 hectares dont seule la moitié sud accueillera 550 logements limités à 9 mètres de hauteur.
L'impératif de non-visibilité, dicté par le périmètre de protection de 5 km autour de la chambre du Roi, a nécessité des études poussées. Une analyse par drone a permis de définir précisément l'implantation et la hauteur de chaque bâtiment. Une terrasse promenade de 1,3 km bordée d'une quadruple rangée d'arbres forme un écran végétal protecteur. 4 150 arbres seront plantés, créant une transition douce avec le paysage historique.
L'architecte des bâtiments de France a strictement encadré le projet, interdisant terrasses accessibles et parkings souterrains côté domaine. Les matériaux nobles – brique, pierre, bois et zinc – répondent aux exigences patrimoniales. Les livraisons s'échelonneront jusqu'en 2028, sans qu'aucun recours n'ait été déposé.
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20 octobre 2025
