Au programme de l’HebdoMAF 85, la fin d’EuropaCity, le coup de gueule de Jean-Michel Wilmotte, le rôle que peuvent jouer les architectes contre l’insalubrité et contre le réchauffement climatique. C’est parti pour ce nouveau numéro !
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Clap de fin pour EuropaCity

Le gigantisme de ce projet était devenu difficile à soutenir de la part du président de la République qui claironne à qui veut l’entendre qu’il est urgent de changer le logiciel écologique. Une urgence que rejoignait celle de revitaliser les centres-villes. Deux axes forts du quinquennat actuel, en contradiction totale avec le projet porté par la filiale immobilière du groupe Auchan et le chinois Wanda.

Avec cette annulation, ce sont, selon les opposants au projet, les terres « les plus fertiles d’Île-de-France » qui sont préservées et des milliers de petits commerces alentours qui ne redoutent plus la concurrence déloyale d’un méga-complexe avec pistes de ski, boutiques et restaurants.

Ce dernier épisode d’un feuilleton qui durait depuis plusieurs années, ne répond pas à toutes les problématiques et certaines questions demeurent. Quel avenir pour la gare de métro de la future ligne 17, dont Bjarke Ingels avait décroché la réalisation ? Comment répondre à la problématique de dynamisation économique de la région du Triangle de Gonesse à l’origine de ce projet ?

Emmanuel Macron, de son côté, appelle à un projet alternatif et a confié à Francis Rol-Tanguy, ancien Directeur de l’Atelier parisien d’Urbanisme, la lourde tâche de mener la réflexion avec les élus locaux.

 

L’argent plus puissant que l’architecture

C’est ce qu’a déploré Jean-Michel Wilmotte à l’occasion d’un point presse organisé le 7 Novembre. Selon lui « ce n’est plus du tout de l’architecture mais de l’argent ». Une critique formulée à l’encontre de la maîtrise d’ouvrage qu’il accuse de préférer l’argent au projet architectural. 

Une critique qui intervient pour autant à une période où son agence multiplie les projets d’envergure : campus de Sciences Po à Paris, Grand Palais éphémère, siège africain de l'ONU près de Kazar, celui du groupe Arcelor-Mittal au Luxembourg, le centre de performances du Paris Saint Germain, l'extension de l'hôpital américain de Neuilly… Des succès hexagonaux dont Jean-Michel Wilmotte espère bien s’inspirer pour l’étranger, concédant qu’il faut à son agence une moyenne de cinq concours pour remporter un projet. 

En attendant, l’architecte a également décroché la conception de l’espace commercial de la gare d’Austerlitz. Un projet délicat dans un contexte où les transformations de Gare font polémique un peu plus au nord de la capitale …

 

Contre l’insalubrité, les archis ont un rôle à jouer

Un an après le drame de la rue d’Aubagne à Marseille (2 immeubles se sont effondrés causant la mort de 8 personnes), le Syndicat des architectes des Bouches-du-Rhône (SA13) dévoile une série de propositions qui s’appuient sur le travail de la commission « Habitat indigne ». Qu’en ressort-il ? L’urgence d’un diagnostic régulier du bâti pour aller au-devant de tels drames, et la nécessité d’inclure les architectes dans le dispositif.

Interrogé par lemoniteur.fr, le président de la commission, Maxime Repaux, étaye plusieurs pistes, comme l’obligation d’un diagnostic technique global (DTG) des copropriétés tous les 5 ans avec une grille d’évaluation à l’image du contrôle technique d’un véhicule, ou encore la création d’un corps d’architectes spécialisés à même d’accompagner les pompiers lors du signalement d’un péril grave ou imminent. 

 

Une charte architecturale pour verdir la construction

Face au dérèglement climatique, que les architectes à l’origine de cette pétition qualifient « de problème le plus grave de notre époque », il y a urgence à agir. Derrière ces idées, un groupement composé de Art & Build architectes, Atelier Pascal Gontier, Encore Heureux architectes, JAP Jourda Architectes Paris, Jakob+Macfarlane architectes urbanistes designers, Lipsky + Rollet architectes qui s’engage à renforcer les pratiques de travail afin de créer une architecture et un urbanisme porteurs d’un impact plus positif sur le monde qui nous entoure. 

Comment faire ? En actionnant les bons leviers auprès des bons acteurs. A l’origine de 40% des émissions carbonées, le monde de la construction figure en pole position des mauvais élèves.

En déclinant plusieurs propositions, l’accent est mis sur la prise de conscience écologique et le besoin de fédérer autour d’une même cause, tous les maillons de la chaine, des maîtres d’ouvrages aux entreprises : partage de connaissances, évaluation des nouveaux projets, rénovation plutôt que de déstruction, ré-emploi des ressources, regroupement de la maîtrise d’œuvre pour trouver des solutions plus responsables … 

Cette pétition a vocation à fédérer le plus grand nombre de concepteurs derrière des idées profitables à tous. Au moment où nous écrivons ces lignes, 224 agences ont signé cette charte.