Avant le grand rush de la rentrée, l’HebdoMAF 121 fait le point sur les actualités à retenir de cette dernière semaine d’Août.
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Patrick Julien, délégué général de l’Unsfa, vent debout contre un décret passé durant l’été

Il ne vient pas de sortir, mais la colère qu’il draine ne fait que s’accroitre. En cause, un décret publié en Juin, réintroduisant la possibilité pour les départements d’assurer des missions de maîtrise d’œuvre dans le cadre de leur assistance aux communes. 

La fronde est d’abord venue des deux organisations professionnelles représentatives de l’ingénierie privée, Syntec et Cinov. En ligne de mire : pilonner une disposition qui « fragilise un peu plus l’ingénierie privée et met en danger les emplois pour les territoires » selon un communiqué publié.

Rapidement, les autres spécialités de la maîtrise d’œuvre ont grossi les rangs de l’opposition au décret, parmi lesquels les architectes par l’intermédiaire de l’Unsfa. Patrick Julien, son délégué général, estime que "dans une période où la maîtrise d'œuvre privée a beaucoup souffert, comme tous les secteurs économiques, un décret qui étend la compétence du secteur public est particulièrement malvenu".

Une nouvelle décision qui accentue davantage la concurrence avec le secteur public, dans un contexte où l’ingénierie privée estime avoir perdu environ « 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires et plus de 10 000 emplois entre 2011 et 2017 ».

Reste à espérer que l’invitation de la maîtrise d’œuvre à une concertation afin de créer une plus grande complémentarité avec le secteur public ne restera pas lettre morte … 
 

La flèche de Notre-Dame pointe des aspirations diverses

Orpheline de sa flèche depuis l’incendie d’Avril 2019, la cathédrale Notre-Dame devrait la retrouver, à l’identique, d’ici 2024. C’est en tout cas la décision qu’a pris le gouvernement, au début de l’été. Exit le geste architectural un temps évoqué, et place à une reconstruction imitant celle de Viollet-le-Duc. 

Une décision loin de faire consensus. Pour l’architecte Dietmar Feichtinger, c’est même une opportunité manquée. Le concepteur, lauréat du Prix de l’Équerre d’Argent en 2015 pour la réalisation de la passerelle du Mont-Saint-Michel, s’interroge, dans une lettre publiée sur le site d’informations lemoniteur.fr, sur les raisons de cette précipitation. 

Questionnant les motivations de cette décision, il rappelle le contexte de l’édification de feu la flèche : en son temps, l’architecte, à qui l’on doit une myriade de restaurations (Cité de Carcassonne, Notre-Dame, Mont-Saint-Michel entre autres) avait bataillé pour substituer au projet prévalant alors d’une flèche simple et modeste, celui disparu dans les flammes l’an passé.

Cette opportunité « d’engager un dialogue sur l’architecture et sa valeur dans la société » est trop belle pour être manquée selon Dietmar Feichtinger.
 

L’Atrium, la bibliothèque universitaire montpelliéraine qui fait des vagues

Pour la majorité des français, les vagues ne seront bientôt plus qu’un souvenir ramené de vacances à la mer trop vite passée. Pour les montpelliérains, elles promettent de devenir un élément du quotidien. Non que le rivage ait dépassé Palavas-les-Flots pour arriver en lisière de la ville, la présence de ces vagues nouvelles est l’œuvre conjointe des agences Scau et d’Agence Coste architectures.

Lauréats du concours d’architecture visant à doter la ville d’une bibliothèque universitaire, les concepteurs ont opté pour une « allégorie de feuilles de papier ». Voilà pour la poésie. Dans les faits, les 15 000m² de bibliothèque s’étalent sur une emprise de 90 mètres par 50 et présenteront, à terme, des voiles de béton ondulées avec des décalages de 3,10 m entre les creux et les bosses.

Pour réussir ce petit exploit, les concepteurs se sont appuyés sur le BIM. A l’intérieur, la volonté de livrer un bâtiment remarquable se fait également ressentir. Dans l’amphithéâtre, les 240 m² disponibles, libres de tout poteau, seront couvert par dalle courbe. Celle-ci ne pouvant reprendre que son propre poids, a nécessité la mise en place d’une poutre-tirant aux dimensions exceptionnelles : 280 cm de haut, 60 cm de large et une densité de ferraillage qui atteint les 200 kg/m3.

Dernière étape du gros œuvre qui avait lieu durant l’été : le coulage des escaliers principaux, courbés également. 

Alors que les corps d’état secondaires s’apprêtent à intervenir dès la rentrée, le projet affiche, malgré le COVID, un retard de 35 jours « seulement ».
 

Rénovation du Château de Guédelon : quand l’histoire se conjugue au présent

C’est un chantier qui prend son temps. A rebours des projets actuels, la construction du château fort de Guédelon, dans l’Yonne, s’étire depuis plus de 20 ans. Lancé en 1998, le projet est alors un pari un peu fou : reconstruire le château à l’aide de techniques utilisées au Moyen-Age, telles qu’elles étaient pratiquées sous le roi Philippe Auguste, au XIIIème siècle.

22 ans plus tard, la route promet d’être encore longue avant l’achèvement mais déjà certains éléments sont visibles. Une tour des six que compte l’édifice est terminée, la tour maîtresse est achevée aux deux tiers, et la courtine ouest est en cours de finition. 

Au fil des recherches documentaires, du travail expérimental sur place et de longs mois de patience, certaines hypothèses avancées par les historiens ont même pu être réfutées et de nouvelles pistes explorées. C’est le cas par exemple des méthodes de construction des voûtes sur croisée d’ogives.

Ultime prérequis afin de coller parfaitement aux exigences du projet : ne se servir que de ressources disponibles à proximité. Le bois des charpentes vient ainsi des forêts voisines, le grès et le calcaire du site sont mobilisés pour les murs et le sable est réinvesti pour les mortiers.

Ouvert à tous, le chantier est pour Florian Renucci, maître d’œuvre du projet, une formidable invitation à tous les architectes de France de venir regarder de plus près les pratiques vernaculaires qui peuvent, selon lui, « alimenter et stimuler la créativité » !