Depuis 45 ans, l’Association QUALITEL poursuit une ambition : améliorer la qualité de l’habitat en travaillant aux côtés des professionnels du logement. Le 8 Octobre dernier, elle présentait les résultats de sa troisième étude : où fait-il bon se loger pour les Français ?
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C’est un rendez-vous qui s’installe dans l’agenda des professionnels de la construction, tant les restitutions sont à chaque fois riches d’enseignements. Pour la troisième année consécutive, l’association livrait les résultats d’une enquête menée en partenariat avec Ipsos, institut de sondage en marketing d’opinion.

L’an passé, il avait été question de l’impact des travaux de rénovation sur la qualité ressentie du logement par les occupants. En 2019, nouveau sujet et nouvelles observations : l’impact de la territorialité sur la perception du logement.

Au total, près de 5 000 français ont été interrogés sur le confort perçu de leur habitation. Verdict : si la fracture en termes d’infrastructures et d’accès aux services existe entre communes rurales et grandes agglomérations, il s’avère qu’une autre existe également. Moins commentée et tout autant incontestable : les petites et moyennes communes rurales raflent tous les meilleurs résultats quant à la satisfaction du logement face aux métropoles.

 

FRACTURE TERRITORIALE INVERSÉE

Si l’on synthétise, l’étude montre déjà des disparités : les Français vivant en communes rurales mettent en moyenne la note de 7/10 à leur logement là où les franciliens ne lui attribuent que 6,4/10.

Dans le détail, les écarts sont davantage significatifs.

Selon le baromètre, 5 facteurs expliquent ces disparités :

  •      La surface du logement
  •      L’environnement immédiat
  •      Le statut de l’occupant
  •      La typologie de l’habitat
  •      L’investissement personnel dans le logement

 

DES SOUCIS DANS LA SURFACE

Sans surprise : il est plus facile d’avoir le nombre de mètres carrés souhaité en zone rurale plutôt qu’en plein cœur des grandes agglomérations. Une fois que l’on a enfoncé cette porte ouverte, comment cela se ressent-il dans les résultats du baromètre ?

Sur le delta entre la surface jugée idéale et la surface réelle de l’habitant, pour commencer.

A la campagne, l’idéal moyen d’une habitation est de 135,9 m², là où la moyenne des habitations est estimée à 134,2 m². Aucun problème donc.

Des métrages carrés loin de ceux des métropoles où les résidents misent sur 108,7m² et doivent se contenter en moyenne de 94,3 m². A ce jeu-là, l’agglomération parisienne fait encore pire : 104,9m² espérés pour 82,5 m² en réalité.

Un manque de place qui se ressent dans les aspirations à plus grand : si 13% seulement des ruraux espèrent plus grand, ce taux monte à 28% chez les métropolitains.

Zones rurales 1 – 0 métropoles

 

BESOIN D’AÉRER SON TERRAIN DE JEU

Après le manque de place des urbains, l’absence de végétation.

Moins satisfaits par la présence de végétation à proximité (31% contre 9% des ruraux), plus embêtés par le bruit (33% des métropolitains contre 11% des ruraux) … Vivre en commune rurale est davantage synonyme de quiétude et d’oxygénation.

Zones rurales 2 – 0 métropoles

 

BIEN MIEUX CHEZ SOI

L’étude révèle un autre point déterminant dans la satisfaction procurée par son logement chez les français : la propriété.

En effet, sur l’ensemble du territoire le qualiscore*moyen est de 7,2/10 pour les propriétaires, lorsque les locataires attribuent la note moyenne de 6/10.

Un indicateur sociodémographique plus que territorial ? Pas si sûr : on trouve beaucoup plus de propriétaires dans les petites et moyennes villes plutôt que dans les métropoles (75% de propriétaires en zones rurales, 65% dans les villes moyennes, 57% dans les Métropoles et 52% en Agglomération parisienne).

Zones rurales 3 – 0 métropoles

 

L’ENFER C’EST LES AUTRES

N’en déplaise à Jean-Paul Sartre, il semblerait bien qu’il ait raison. C’est du moins ce que dit le baromètre. Si le qualiscore moyen est de de 6,3/10 en appartement, il bondit à 7,1/10 en maison.

Vous voyez le 4 – 0 poindre le bout de son score ? Avec 88% de maisons dans les communes rurales, et 26% dans l’agglomération parisienne, c’est une raison de plus de vivre à la campagne pour les Français (70% de maison dans les villes moyennes et 45% dans les Métropoles).

Zones rurales 4 – 0 métropoles

 

L’ARGENT FAIT LE BONHEUR

Et le bonheur réside dans l’investissement que l’on consent dans son logement. C’est le baromètre qui le dit. Or, les propriétaires sont plus enclins à réaliser des travaux d’embellissement ou de rénovation qu’un locataire qui investirait à fonds perdus dans un bien qu’il ne possède pas.

Pas étonnant alors que 42% des ruraux indiquent avoir réalisés des travaux de rénovation au cours des 10 dernières années, pour seulement 33% des métropolitains.

Zones rurales 5 – 0 métropoles

 

ET APRÈS … ?

Que disent ces résultats sur l’attachement des français à leur logement ? Que les habitants des zones rurales ne déménageraient pour rien au monde, dans 38% des cas. Posez la question à un francilien : 22% de chances seulement qu’il soit si catégorique.

Mais s’il fallait partir, où serait-ce ? Pour 81% des habitants de zones rurales, le déménagement n’est envisageable que dans une zone rurale. Un habitant d’une ville moyenne quant à lui, a 63% de chances de porter son choix sur une zone rurale et 27% sur une autre ville moyenne. Chez les habitants des métropoles, la question est moins tranchée mais toujours, la ruralité s’impose : ils sont 47% à en rêver, 31% à lorgner sur des villes moyennes, et 15% à vouloir rester en métropole.

Et pour les parisiens ? Ils ne sont que 19% à s’y projeter toujours dans la durée. Un chiffre qui explose chez les 25 – 35 ans. 30% visent une ville moyenne et 29% aspirent à une commune rurale.

Un résultat qui permet de rétablir la vérité : ce que la France entière appelait jusqu’alors le complexe de supériorité parisien est en réalité une jalousie envers les territoires plus ruraux.

Une jalousie nourrie par un dernier point : parmi les métropoles, le qualiscore des villes anciennes (comme Paris, Lille et Marseille) est nettement inférieur à celui de villes plus récentes comme Rennes, Bordeaux, Toulouse ou Montpellier. L’explication ? Ces dernières proposent une majorité de logements datant d’après 1980, nettement plus appréciés des occupants que les générations précédentes.

Bref, plus que jamais, le bonheur est dans le pré.

 

*Indice composite conçu par les équipes scientifiques d’Ipsos. Il permet de noter la qualité perçue du logement sur la base de dix-sept critères.

 

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