L'essentiel de la semaine dans le monde du paysagisme : entre innovation technologique avec les toitures biosolaires, génie écologique sur la rivière varoise, stratégie métropolitaine francilienne et requalification urbaine languedocienne.
L’actualité des concepteurs : Paysagistes n° 21

Biosolaire | Quand végétalisation et photovoltaïque créent une synergie gagnante

Une étude menée par Le Prieuré sur le toit de l'École centrale d'électronique à Paris démontre qu'un tapis végétal irrigué sous des panneaux photovoltaïques améliore leur rendement électrique de 7,51 %. Réalisée entre 2023 et 2024, l’expérimentation a comparé quatre configurations, dont la plus performante associe un substrat végétal de 12 cm avec irrigation.

L'effet s'accentue particulièrement lorsque la température des panneaux dépasse 25°C, avec un point maximum en été. Au-delà de l'aspect énergétique, le système « Oasis BioSolar » développé par Le Prieuré permet également un stockage efficace des eaux pluviales à raison de 62 litres par mètre carré.

Des recherches complémentaires menées par l'Ensaia de Nancy et le Cerema confirment que cette association crée des « mosaïques écologiques fonctionnelles » qui favorisent la biodiversité. La haute école de Genève (Hepia) précise que la surélévation et l'espacement des panneaux sont déterminants pour optimiser ces bénéfices.

Malgré ces avantages, seuls 3 % des Plans Locaux d'Urbanisme intègrent des prescriptions biosolaires, alors que 90 % mentionnent les toitures végétalisées. Pour remédier à cette situation, l'Adivet prépare un catalogue de recommandations destiné aux collectivités et aux professionnels de l'urbanisme, en partenariat avec la Fédération Française du Bâtiment.

Nartuby | Une restauration contre les crues dévastatrices

À la suite des inondations catastrophiques de juin 2010 dans le Var, qui ont causé 25 décès et 1 milliard d'euros de dégâts, un ambitieux projet de restauration transforme actuellement la Nartuby, rivière de 35 km.

Le syndicat mixte de l'Argens conduit cette opération de 36 millions d'euros qui couvre 4 km de rivière à Draguignan et Trans-en-Provence. L'objectif technique est considérable : permettre à la rivière d'accueillir 180 m³/s d'eau contre 40 m³/s auparavant. Pour y parvenir, le lit est élargi de 2 à 10 mètres et un seuil de 2 mètres a été supprimé.

Le projet intègre une solution d'équilibre hydraulique : en aval, quatre épis créent un réservoir temporaire d'un million de mètres cubes pour éviter de déplacer le risque vers les communes situées en contrebas. Sur les 150 000 m³ de matériaux extraits, 60 000 sont réutilisés sur place.

L'aménagement des berges constitue un véritable laboratoire de génie écologique. Face aux récentes sécheresses, les ingénieurs ont privilégié des espèces méditerranéennes résistantes : tamaris et saules en partie basse, végétation de garrigue en hauteur. Les techniques de protection combinent solutions végétales (fascines, caissons végétalisés) et minérales (gabions, enrochements).

Ce chantier, qui s'achèvera en mars 2026, est déjà perçu comme une référence régionale en matière de prévention des inondations.

Nature 2050 | Le Grand Paris renforce son engagement pour la biodiversité urbaine

La Métropole du Grand Paris et CDC Biodiversité viennent de lancer leur troisième appel à projets Nature 2050, ce qui confirme l’apport de cette collaboration en faveur de la biodiversité urbaine. Ce programme, qui associe financements publics et privés, a déjà permis la réalisation de projets emblématiques dans plusieurs communes franciliennes.

Deux réalisations illustrent parfaitement cette démarche : à Thiais, le jardin permacole André Malraux, autrefois simple espace vert bétonné, a été transformé en écosystème végétal multistrates avec des espèces économes en eau. À Noisy-le-Grand, c'est une ancienne gare routière qui accueille désormais un aménagement écologique sur dalle, avec des systèmes de stockage pluvial.

L'enjeu est important : selon les experts, la région parisienne devra faire face à un climat méditerranéen avec une augmentation de température de 4°C. La végétalisation urbaine s’impose comme une solution prioritaire pour limiter ces effets.

Côté financement, le dispositif associe le Fonds Biodiversité métropolitain (80 millions d'euros) aux contributions d'entreprises privées comme Transdev, la Maif ou Amazon. Pour renforcer cette dynamique, CDC Biodiversité lancera à la rentrée un nouvel Indicateur de Biodiversité Locale, outil d'évaluation destiné aux aménageurs.

Face à l'urgence climatique et à la baisse annoncée du niveau de la Seine (jusqu'à 2 mètres d'ici 15 ans), ce programme représente une réponse concrète et mesurable pour les 95 communes métropolitaines identifiées comme « carencées » en espaces verts.

Un nouveau souffle méditerranéen pour la place Max-Rouquette (Montpellier)

Au cœur du quartier des Arceaux à Montpellier, la place Max-Rouquette connaît une grande transformation. Ce parking de 3 600 m² se métamorphose en jardin urbain dans le cadre d'un projet ambitieux qui sera inauguré le 20 septembre 2025.

Baptisé « Verd Paradis » en hommage à l'écrivain Max Rouquette, le projet s'inspire de la garrigue méditerranéenne avec la plantation de micocouliers, chênes verts et grenadiers. Cette initiative s'inscrit dans l'objectif municipal de 50 000 arbres plantés d'ici 2026.

L'agence Base, chargée de la conception, a relevé le défi de créer une place contemporaine respectueuse du patrimoine. Les usages sont concentrés sur les côtés pour préserver les perspectives, avec l'installation de bancs, gradins, kiosque et fontaine. Un tiers de la surface restera perméable malgré les contraintes techniques.

Budgété à 8,7 millions d'euros TTC, le projet s'étend sur un périmètre total de 4 hectares et comprend deux phases supplémentaires jusqu'en 2027. La circulation a été repensée avec des trottoirs élargis et des aménagements ludiques pour les enfants.