Le recours à l’isolation thermique par l’extérieur avec finition enduit devrait se développer fortement du fait de l’efficacité du concept. Toutefois, l’Agence qualité construction signale d’importantes malfaçons récurrentes dans l’utilisation des procédés qui nécessitent une mise en œuvre particulièrement soignée.
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La meilleure énergie est celle que l’on n’a pas consommée ! Cette formule résume bien l’objectif des pouvoirs publics en matière de règlementation environnementale : isoler le bâti pour baisser la facture énergétique des Français et réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre. Le chantier est titanesque : quelque 7 millions de logements sont à rénover d’ici 2050. Et parmi eux, un peu plus de la moitié sont des passoires énergétiques1. Le recours massif à l’isolation thermique par l’extérieur finition enduit (ITE enduit)2 peut répondre efficacement à ces enjeux dans bien des cas, en travaux neufs comme en rénovation. Mais attention, derrière le concept simple développé par la filière humide des ITE3, l’exécution de ces millefeuilles s’avère très technique.

Les procédés mis au point par les industriels nécessitent un diagnostic préalable des supports auxquels ils sont destinés, mais également une mise en œuvre irréprochable. L’isolation thermique par l’extérieur avec une finition enduit n’est pas répertoriée parmi les techniques créant la pathologie la plus forte. L’Agence qualité construction (AQC) remarque toutefois que le coût des réparations est généralement élevé pour des procédés qui, du fait de leur efficacité thermique, devraient être de plus en plus utilisés dans les années à venir. Son observatoire vient donc d’éditer un guide intitulé « Focus isolation thermique par l’extérieur, finition enduit » pour sensibiliser les professionnels afin d’éviter les principaux désordres récurrents.

Au chapitre du nombre de désordres, le défaut d’étanchéité caracole en tête dans plus de la moitié des cas relevés (55%) par l’observatoire de l’AQC4. Ils représentent près de 40% des coûts de réparation de cette famille de produits. Suivent notamment, la sécurité d’utilisation qui concerne la désolidarisation de l’isolant avec la structure pouvant aller jusqu’à la chute de plaques d’isolant (13% des cas et 18% des coûts de réparation), les défauts de stabilité (8% des cas et 19% des coûts), et le défaut d’isolation thermique (4% des cas et 2% des coûts).

 

INFILTRATIONS, CHUTES DE MATÉRIAUX, MOISISSURES…

Globalement, 86% des sinistres ont pour origine un défaut d’exécution et représentent 78% des coûts de réparation alors que 9% concernent la conception impactant 12% des coûts de réparation. Le vice de matériau touche 2% des cas répertoriés et représente 8% des coûts. La mise en œuvre collée est particulièrement concernée par les malfaçons5.

Les principaux désordres sont les fissurations (absence d’harpage des panneaux isolants ou de renforts aux angles des baies ; mauvais dosage en eau de l’enduit et épaisseur insuffisante ; mélange d’isolants générant des dilatations différentielles…). Arrivent ensuite les infiltrations dans le complexe ITE ou dans le bâti notamment à l’interface entre la menuiserie extérieure et l’ITE (absence de rejingot sur la pièce d’appui ; défaut d’entretien des mastics de façade ; produits de calfeutrement inappropriés ; mauvaise coordination entre corps de métiers dans l’exécution des finitions…). Puis les bombements et tuilages des isolants (défaut du produit, de son conditionnement, voire de son stockage) ; la désolidarisation des plaques d’isolant du support avec risque de chute des matériaux (nombre de fixations insuffisantes ou mal réparties) ; et enfin les encrassements à l’extérieur et les moisissures à l’intérieur (absence de larmier sur les profils, et profils posés avec des contrepentes...).

 

DIAGNOSTIC PRÉALABLE EN RÉNOVATION

Après un bref rappel des principales techniques de mise en œuvre, le Focus édité par l’observatoire de l’AQC détaille de nombreux cas de figure récurrents qui illustrent particulièrement bien cette pathologie des ITE avec finition enduit : « Elle apparaît préférentiellement sur les travaux en rénovation, mais la typologie des désordres sur travaux neufs est identique », précise le document. Chaque cas présenté renvoie à un encadré « Bonne pratique » permettant de comprendre l’origine du défaut et ce qu’il aurait fallu faire.

Enfin, ne perdons pas de vue le diagnostic des supports avant mise en œuvre des ITE : si ce point n’est pas traité dans le Focus de l’AQC, il reste incontournable dans l’approche technique en rénovation. Tous les isolants et toutes les fixations proposés ne sont pas compatibles avec toutes les façades à rénover. La question de la perméabilité à la vapeur d’eau des couches successives constituant l’enveloppe du bâtiment nécessite une étude préalable pour s’assurer de la compatibilité des matériaux entre eux.

 

Pour en savoir plus

Téléchargez le Focus de l’AQC.

1. L'étiquette énergie permet d'évaluer la qualité énergétique du logement avec un classement de A à G, sachant que les passoires énergétiques se situent de E à G.

2. Egalement appelé sous l’acronyme ETICS : External thermal insulation composite systems

3. La filière sèche couvre le bardage, la vêture et le vêtage. Les procédés collés sont les plus cités en dommages-ouvrage.

4. Statistiques tirées de la base Sycodés qui regroupe les pathologies dans la construction : la base est alimentée par les experts construction et concerne majoritairement les déclarations de dommages-ouvrage (sinistre à caractère décennal).

5. Les principaux procédés d’ITE finition enduit sont : l’ITE laine de roche calé/chevillé ; l’ITE PSE fixé mécaniquement ; et l’ITE PSE collé.