
L’éthique professionnelle en dessins | Une approche rafraîchissante du Code de déontologie des architectes
Aude Bellanger, architecte HMONP et illustratrice, apporte un vent de fraîcheur sur la déontologie professionnelle avec son nouvel ouvrage « Code de déontologie des architectes illustré ». Cette publication repend les 48 articles réglementaires, souvent perçus comme austères, en un roman graphique accessible et dynamique.
Forte de son expérience d’ancienne élue au conseil régional de l’Ordre des architectes d’Île-de-France et de membre de la Chambre nationale de discipline, l’autrice apporte une légitimité indéniable à ce travail de vulgarisation. Ses illustrations mettent en scène des situations quotidiennes auxquelles les professionnels peuvent s’identifier.
« J’ai voulu donner vie à nos obligations déontologiques sans jamais en trahir la gravité », explique Aude Bellanger, qui réussit le pari de rendre accessibles des concepts juridiques complexes tout en préservant leur importance fondamentale.
Cette approche répond à un besoin réel dans la profession. Selon une récente étude du Conseil national de l’Ordre des architectes, 62 % des praticiens considèrent la déontologie comme essentielle, mais difficile à appréhender dans sa forme traditionnelle.
L’ouvrage est disponible en librairie depuis le 18 juin aux éditions du Moniteur (172 pages, 25 €).
Transformer sans détruire | Le pari réussi de l’Atelier Téqui à Paris
Un ancien garage Peugeot des années 1960 situé avenue Parmentier à Paris vient de connaître une transformation radicale. Après trois ans de travaux, l’Atelier Téqui a relevé le défi de convertir cette structure industrielle en un ensemble résidentiel de 63 logements, dont 50 en locatif social.
Contrairement à l’option de démolition initialement envisagée, les architectes ont fait le pari audacieux de conserver la quasi-totalité de la structure en béton d’origine. Les six piliers, le réseau de poutres et les dalles organisées en demi-niveaux ont été maintenus, tandis que trois nouveaux étages ont été ajoutés en surélévation avec une structure mixte métal-bois. Pour supporter cette charge supplémentaire, de nouveaux piliers et fondations sur micropieux ont été intégrés.
La façade emblématique des années 60 avec ses ouvertures en bandeau a été restaurée et transformée en « seconde peau », abritant des espaces tampons qui fonctionnent comme des jardins d’hiver adaptables selon les saisons. Ces logements, du T2 au T5, offrent presque tous un espace extérieur malgré la densité du projet.
Livrée en avril 2025 pour un coût de 10,5 M€ HT, cette réalisation exceptionnelle prouve qu’une structure béton basique peut démontrer une remarquable polyvalence. Selon Xavier Bonnefond de Batigère, « c’est la première fois qu’on monte aussi haut dans Paris » pour ce type de transformation, habituellement réservée aux ZAC.
Patrimoine et territoire | Deux nouveaux mandats
Dans l’actualité cette semaine, deux nominations : Séverine Vernet, qui consolide sa position à la tête du Conseil supérieur de l’Ordre des géomètres-experts jusqu’en 2027. Et Didier Herbillon, qui succède à Martin Malvy à la présidence de Sites & Cités remarquables de France après 25 années de mandat.
Ces transitions révèlent une volonté commune d’adaptation aux défis contemporains. Séverine Vernet oriente l’action des géomètres-experts vers trois axes stratégiques : la réforme de la gouvernance ordinale, le déploiement de la compliance et l’ancrage territorial renforcé face aux enjeux climatiques. Cette approche se concrétise par des partenariats, notamment avec la DGALN (Direction Générale de l’Aménagement, du Logement et de la Nature) pour développer une formation sur la sobriété foncière.
De son côté, Didier Herbillon apporte une expérience de terrain solide, acquise depuis 2008 à la mairie de Sedan. Sa vision équilibre préservation du patrimoine et adaptation aux exigences du XXIe siècle. L’association qu’il préside fédère désormais plus de 310 collectivités, ce qui démontre l’ampleur des enjeux patrimoniaux sur le territoire.
Le Grand Palais retrouve son unité architecturale après quatre ans de restauration
Le Grand Palais parisien achève sa transformation après quatre ans de restauration. L’édifice, qui avait frôlé la catastrophe au début des années 2000 avec un affaissement de 13 cm de sa nef monumentale, redevient un ensemble cohérent grâce à la campagne de travaux dirigée par l’architecte François Chatillon.
Au cœur de cette métamorphose : la « Place centrale » de 1000 m², espace librement accessible qui redonne au corps central sa lisibilité d’origine. Les architectes ont principalement supprimé les planchers intermédiaires et cloisons qui obstruaient les perspectives. « Nous n’avons rien fait, si ce n’est enlever tout ce qui bouchait la vue », résume François Chatillon. Cette intervention a permis de révéler la structure métallique originelle désormais peinte en vert réséda, couleur signature du monument.
Cette restauration a également modernisé l’infrastructure technique avec des kilomètres de gaines intégrées dans les murs historiques et un sol à régulation thermique dans la nef. Le chantier s’achèvera définitivement à l’automne avec la livraison du palais d’Antin, finalisant ainsi la transformation d’un édifice composite en un ensemble plus unitaire qu’il ne l’a jamais été depuis sa création en 1900.