Numéro 99 d’un hebdoMAF dont la vocation n’a pas bougé d’un iota depuis sa première mouture : vous proposer un tour d’horizon rapide de l’actualité architecturale de la semaine. Pas de coronavirus ici, mais des femmes Pritzker, des bâtiments BEPOS, des conversions de bureaux en logements et de l’intelligence artificielle.
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2 femmes Pritzker 2020

Quand on regarde la liste des Pritzker, les femmes ne se bousculent pas. A l’exception de Zaha Hadid en 2004, Kazuyo Sejima en 2010, et Carme Pigem en 2017, vous n’en trouverez pas d’autres parmi les 41 millésimes du prix considéré comme le Nobel de l’architecture. 

Alors deux femmes architectes 47ème et 48ème Prix Pritzker 2020, forcément, c’est énorme. A la tête de l’agence Grafton Architects, qu’elles cofondent en 1978, Yvonne Farrel et Shelley McNamara signent de nombreuses réalisations chez elles, en Irlande, avant que, 25 ans après leurs débuts, elles ne livrent leur première réalisation internationale : l’université Luigi Bocconi de Milan qui reçoit le prix du Bâtiment mondial de l’année lors du premier Festival mondial d’architecture à Barcelone en 2008.

12 ans après ces premiers pas prometteurs en Italie, la liste s’est allongée. A Toulouse, l’agence livre la Toulouse School of Economics, à Saclay, c’est l’institut Mines-Télécom. A Lima, au Pérou, les deux femmes imaginent la résidence universitaire du Campus Utec. 

Une récompense de plus à ranger au-dessus d’une cheminée déjà bien chargée avec plus de 40 distinctions décernées à l’agence depuis 2003.

Une réhabilitation BEPOS et chauffée au bois en plein cœur de la capitale

L’agence Avenier et Cornejo livre un bâtiment d’un genre nouveau dans le 12ème arrondissement parisien. En faisant le choix de la réhabilitation sur une passerelle exigüe de la rue de Charenton, elle résout une équation complexe : dégager le maximum de mètres carrés utilisables, ne pas livrer une construction trop massive, proposer une vision architecturale et concevoir un bâtiment responsable. 

Pari réussi avec cette transformation d’une construction vétuste en réalisation verte, dotée d’une chaudière alimentée par des granulés de bois et de panneaux photovoltaïques permettant de compenser à 100% la consommation électrique due à la ventilation, aux pompes et à l’éclairage. Pour aller encore plus loin dans la réduction de l’empreinte écologique, l’énergie de freinage de ascenseurs est récupérée et la chaleur de l’eau chaude des douches sert à préchauffer l’eau entrante.

Au total, l’agence livre près de 2 000 m² pour le compte de HSF, filiale de la RIVP et permet d’ouvrir une voie nouvelle alliant performances techniques et qualité des logements.

Transformation de bureaux en logements : une bonne idée pas si simple à appliquer

C’est une volonté affichée du gouvernement et un sujet qui revient systématiquement sur la table en période électorale : pour lutter contre la tension qui pèse sur le foncier, a fortiori dans les grandes agglomérations, les mètres carrés de bureaux vides sont autant d’espace à convertir en logements.

Excellente idée qui met tout le monde d’accord sur le principe, mais qui s’avère technique à mettre en place dans les faits, pour plusieurs raisons. La première réside dans la localisation de ces biens à transformer. Souvent en banlieue, regroupés sur des zones actives pensées uniquement pour des migrations pendulaires où les commerces et la vie de quartier se font rare.

Ça pioche également dans la typologie des bâtiments. La construction de bureaux ne répond pas aux mêmes exigences que les logements. Par l’épaisseur des réalisations déjà. De 12 mètres maximum dans le logement, elle atteint souvent 15 ou 16 mètres pour les immeubles de bureaux. Charge alors aux architectes de trouver le moyen d’ouvrir les édifices pour y faire entrer lumière et espace, vitales dans un logement.

Enfin, la distribution des espaces diffère également beaucoup : d’open spaces à appartements, il faut repenser les gaines, les circulations et le cloisonnement des espaces.

Ces contraintes cumulées font de ces projets des opérations coûteuses qui peinent à séduire maîtres d’ouvrage et concepteurs …

L’intelligence artificielle, nouveau partenaire bientôt indispensable des architectes 

Les évolutions technologiques menacent-elles le métier d’architecte ? Quelles seront les conséquences de l’apparition de l’intelligence artificielle pour la création architecturale ?

Pour questionner le sujet, quel meilleur écrin que le Pavillon de l’Arsenal en présence d’experts ? En prologue d’une exposition sur le sujet, Stanislas Chaillou, architecte et data-scientist chez Spacemaker, et Bastien Dolla, ingénieur et directeur général de la start-up HabX, échangeaient à propos de la cohabitation entre nouvelles technologies et architectes le 27 février.

Pour eux, pas de doute possible. De tous temps, les innovations ont permis à la production architecturale d’évoluer : technologies et architectures ont toujours fait bon ménage. En témoigne l’apparition des premiers logiciels concomitante à l’apparition des premiers ordinateurs sur le marché au début des années 1980.

A l’heure du BIM, le champ des possibles est infini. Dans un futur proche, l’intelligence artificielle devrait permettre de tester des milliers d’options pour définir la meilleure solution face à une problématique. En jeu : impacts environnementaux de la construction significativement réduits, optimisation et valorisation de l’existant, mise en adéquation de l’offre et de la demande à toutes les échelles du projet … 

« On est déjà dans l’après-BIM » explique un des intervenants. Mais pas de raison de paniquer, « l’Intelligence Artificielle n’automatisera jamais l’intuition ni la sensibilité de l’architecte. » On avait presque fini par en douter …

« Intelligence Artificielle et Architecture », jusqu’au 5 Avril 2020 au Pavillon de l’Arsenal, 21 boulevard Morland, 75004 Paris.