Pour la 94ème semaine, votre condensé d’actualité architecturale vous est présenté par la MAF. Entre projection du 93 en 2030, Dimitri Roussel lauréat pour Paris 2024, le réemploi au chevet de la construction et la possibilité de contenir contractuellement les effets de l’in solidum, c’est une semaine chargée que vous présente votre revue de presse préférée.
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Seine-Saint-Denis 2030 : entre développement et inclusion

Le département de la Seine-Saint-Denis est le plus contradictoire de tous. Le « 9-3 » est certes le département le plus pauvre de France, celui affichant le taux de chômage le plus important de la région et à la criminalité la plus importante de l’Hexagone, il n’en est pas moins celui promis aux mutations les plus profondes. Le Grand Paris Express d’abord, projet XXL de développement des transports urbains, concentrera en Seine-Saint-Denis un tiers des futures gares et redéfinira à coup sûr le centre de gravité francilien. Les Jeux Olympiques ensuite, dont le département sera le centre névralgique. 

Bref, cet ancien bastion industriel, après avoir été le vilain petit canard des départements limitrophes de la capitale en représente aujourd’hui sa plus belle perspective d’avenir.

En témoigne le dynamisme de sa construction dans des villes qui évoluent à marche forcée. 

Là réside l’enjeu auquel doit répondre la consultation internationale lancée par le département : trois équipes complémentaires devront plancher pour esquisser le visage séquano-dyonisien à l’horizon 2030.

Au sein de ces trois équipes pluridisciplinaires, des architectes, des urbanistes et des paysagistes, tels qu’Anyoji Beltrando, l’architecte urbaniste Catherine Tricot et des chercheurs du CNRS en architecture et en urbanisme. Tous devront être les garants d’une idée : ne pas faire des 10 prochaines années un empilement de projets dénué de sens.

Rendu des copies attendu pour le printemps 2020, avant une exposition publique à l’été 2020.

 

Dimitri Roussel livre un projet de rêve pour le village olympique 

L’agence DREAM, pour Dimitri Roussel Ensemble Architecture et Métropole, sera au cœur du futur village olympique de Paris 2024. Lauréate de la consultation lancée pour l’un des premiers gros secteurs, l’équipe constituée avec Nexity et Eiffage propose un bâtiment à l’usage résolument mixte et aux propriétés écologiques, situé au cœur d’un quartier pionner du bas-carbone en France, à Saint-Ouen.

Entre écho au passé industriel audoniens et utilisation de matériaux nobles et responsables (empreinte carbone réduite : - 40% par rapport aux standards actuels ; bois en structure, terre cuite emmaillée en parement, brises soleil métalliques), la structure se divisera en deux parties :

  • une infrastructure en béton bas carbone, des parkings éclairés naturellement et réversibles afin de permettre à moyen terme le prolongement des programmes de rez-de-chaussée ;
  • une super structure constituée d’un système poteau-poutres en bois massif apparent avec des planchers béton bas carbone préfabriqués du R+1 au R+6. Le dernier niveau en R+7 accueille un espace sportif et met en scène une charpente bois composée de poutres échelles venant parfaire la coiffe du bâtiment avec finesse.

Fidèle aux nouvelles exigences programmatiques, la réalisation facilitera les rencontres en multipliant les usages. Un foodcourt au rez-de-chaussée ouvrira le bâtiment sur la rue et les espaces de travail jalonnés du 1er au 6ème étage bénéficieront de l’implantation d’une salle de basket … au dernier étage, sur le toit de l’immeuble !

Pour claquer un dunk sur fond de ligne d’horizon parisienne il faudra encore patienter, le projet étant en phase d’études. 

 

L’architecte peut exclure contractuellement toute condamnation in solidum

« L'architecte assume sa responsabilité professionnelle, telle qu'elle est définie notamment par les articles 1792, 1792-2, 1792-3 et 1792-4-1 du code civil, dans les limites de la mission qui lui est confiée. Pour toutes les autres responsabilités professionnelles, il ne peut être tenu responsable, de quelque manière que ce soit, ni solidairement ni in solidum, à raison des dommages imputables aux autres intervenants participant à l'opération. L’architecte supporte les conséquences financières de sa responsabilité dans les limites des plafonds de garantie fixés dans son contrat d’assurance. »

C’est la décision que vient de rendre la Cour de Cassation, confirmant que l’architecte est autorisé à prévoir, dans un contrat le liant à un maître d’ouvrage, que sa responsabilité ne pourra être engagée solidairement, ou in solidum, avec celle des autres intervenants.

Après un périple judiciaire où les différentes instances n’auront pas toujours tranchées dans le même sens, le couperet tombe : l’architecte est d’abord condamné dans la mesure de sa part de responsabilité, les autres intervenants considérés comme fautifs sont quant à eux condamnés in solidum pour le solde restant dû.

La Cour de Cassation ne voit pas les choses de cette manière, et estime que la clause d’exclusion de responsabilité de l’architecte doit s’appliquer, que la condamnation des autres intervenants à la construction soit solidaire ou in solidum, et tant dans les rapports entre maître d’ouvrage et architecte que dans les rapports entre l’architecte et les autres intervenants.

 

Le réemploi des matériaux pour lutter contre l’empreinte écologique de la construction

La question du réemploi des matériaux récupérés à l’occasion d’une déconstruction n’est plus une idée farfelue, déconnectée des réalités. C’est même un sujet qui intéresse fortement les architectes, comme en témoigne le succès de la table-ronde organisée par l’Ordre des Architectes de Provence-Alpes-Côte d’Azur organisée le 17 janvier dernier.

Derrière cette idée, il y a un mastodonte à affronter : les 227 millions de tonnes de déchets produits par le secteur du BTP en France et par an. A elle seule, la construction pèse 70% de la production hexagonale*.

Mais plus loin que l’enjeu écologique auquel répond le réemploi, il peut être une solution avantageuse pour les différents acteurs du projet. Dans ce gisement de matériaux que sont les bâtiments, chacun doit y trouver son compte entre disponibilité des matières premières dans un contexte de raréfaction et réduction des coûts sur fond d’augmentation constante des prix (multipliés par 2 en 17 ans).

Reste un enjeu pour rendre la solution viable : le diagnostic des ressources et l’identification des demandeurs. C’est la réponse que tentent d’apporter certaines plateformes, tout en réalisant un travail pédagogique auprès des maîtres d’ouvrage.

Un exemple de réalisation réalisée en réemploi à Colombelles dans le Calvados, finissait de convaincre les plus dubitatifs parmi la centaine d’architectes présents lors de cette table ronde.

*source association R-Aedificare