Pour la 72ème fois, l’HebdoMAF vous propose un condensé de l’actualité architecturale. Cette semaine, pas de tour de France mais les chiffres de la construction, les forêts urbaines, le téléphérique à la rescousse des villes et un immeuble construit en terre.
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Construction : entre baisse des marges et création d’emplois 

Le ciel reste dégagé pour le monde de la construction. C’est le constat dressé par la Fédération Française du Bâtiment, mettant en avant un volume d’activité restant conséquent, malgré une légère baisse enregistrée d’1,8%. Derrière ce chiffre, des inégalités sectorielles entre le non résidentiel neuf, locomotive du secteur, et le logement neuf accusant un recul de 3,1% au premier trimestre 2019.

Un bon volume d’activité se retrouve dans les carnets de commandes des entreprises qui continuent de créer de l’emploi : 32 600 nouvelles embauches entre 2018 et 2019, tendance qui devrait se poursuivre sur les prochains trimestres. Une main d’œuvre supplémentaire précieuse au moment de satisfaire les carnets de commande bien remplis : en moyenne 7,8 mois pour les entreprises et 4,8 pour les artisans.

C’est du côté des marges que le secteur se tend : entre l’augmentation du prix des matériaux (1,6% en moyenne) et celle des salaires (+3,5%, dû à la difficulté de recrutement du secteur), les 2,2% d’augmentation des prix du bâti peinent à amortir la perte de bénéfice.


Paris 2050 : entre forêt urbaine et désert architectural

Après un épisode de canicule qui a rappelé combien la ville, dans tout ce qu’elle a de minéral, pouvait être étouffante, inadaptée à l’évolution du climat, il convient de s’interroger sur son avenir. A l’horizon 2050, les experts du GIEC prévoient des pics à 50 degrés. Insoutenable.

Pour lutter contre ces étés de plus en plus suffocants, la mairie de Paris propose une « débitumisation » de certains sites remarquables (parvis de l’Hôtel de Ville et de la Gare de Lyon, abords de l’Opéra-Garnier et les quais de Seine), pour les transformer en forêts urbaines. Emmagasiner la chaleur sans la restituer, absorber une partie du CO2 émis, offrir des zones d’ombres aux parisiens … Et si ce n’était pas la meilleure des solutions ? 

C’est ce que dénonce Alain Sarfati, architecte, qui voit dans ces propositions, des solutions hâtives et simplistes face aux défis de la ville de demain. Dans une tribune publiée sur le site www.lemoniteur.fr, il questionne : pourquoi ne pas anticiper la disparition de la voiture individuelle plutôt que de créer des forêts urbaines ? Comment développer de nouvelles mobilités ? Pourquoi ne pas réintroduire la végétation dans le projet urbain plutôt que de la cantonner à des espaces limités ?
Des défis qui doivent trouver des réponses dans le contexte de la ville : selon l’architecte, Paris ne doit pas perdre son âme en diluant ce qui fait son unicité au profit de la standardisation sur des métropoles « vertes » comme peuvent l’être Berlin ou Stockholm. 

Si la nécessité d’anticiper les changements de la ville ne souffre d’aucune objection, les chemins à emprunter eux, ne semblent pas tous pointer dans la même direction.

 

Monter dans les œufs pour aller à la Fac

Connaissez-vous le point commun entre Barcelone, Rio de Janiero, Brest et maintenant Toulouse ? La samba ? Les plages de sable fin ? Ni l’une, ni les autres.

Ces villes ont toutes fait le choix de compter sur le téléphérique pour développer la mobilité urbaine. Si Brest avait été la première ville française à faire le choix du transport aérien par câble, hors zone montagneuse, Toulouse s’apprête à accueillir la plus longue section française : 3 km et 3 stations, reliant l’Oncopole, le CHU de Rangueil et l’Université Paul-Sabatier. 

L’agence d’architecture Séquences a dessiné les 3 stations qu’elle a voulu comme des « boîtes » de métal, perforées pour aérer l’ensemble, et accessibles au niveau de la rue pour « s’ancrer directement au sol, faciliter l’accès et assurer la continuité de l’espace public » explique Marc Pirovano, architecte du projet.

Derrière cette mobilité se cache de plus en plus de bonnes raisons qui font du transport aérien par câble une alternative crédible pour demain. Si crédible que depuis plusieurs années, la RATP et POMA planchent sur des projets métropolitains offrant plusieurs avantages : faible empreinte carbone, peu consommateurs de foncier, rapidement réalisables, permettant le désengorgement au sol...

Rien qu’en région parisienne, 13 projets seraient à l’étude. Pour le téléphérique toulousain, il aura fallu boucler un tour de table à 82 millions d’euros HT, permettant à terme de transporter 8 000 personnes par jour dans 35 cabines.

 

A Lyon, la terre s’envoie en l’air

Pourquoi ne pas construire des immeubles en terre ? Le bois est de plus en plus sollicité dans la construction d’immeubles, les maisons en terre existent, et le besoin de matériaux écoresponsables est de plus en plus présent.

Alors Clément Vergély, architecte à Lyon, l’a fait. Et comment imaginer que cet immeuble, de 11 mètres de haut, voit le jour ailleurs que dans le quartier Confluence de Lyon, laboratoire urbain reconnu. En s’inspirant d’une technique ancestrale de compression de terre argileuse et de gravier, Nicolas Meunier, artisan passionné par cette méthode de construction, a créé une machine délivrant des blocs de 2,5 tonnes à empiler les uns sur les autres.

Au final, le projet nécessitera 610 m3 de terre, prélevés à une vingtaine de kilomètre du site, et n’utilisera que des matériaux biosourcés pour sa façade, comme la pierre ou le bois. Clou du spectacle : grâce à ses murs épais, le bâtiment ne nécessite aucun isolant, s’appuyant sur les propriétés thermo-physiques de la terre, régulant naturellement la température et l’hygrométrie. 

A ce compte-là, préciser qu’à la fin de vie du bâtiment, seule restera la terre qui, rendue à la terre, ne saurait être considérée comme déchet, serait presque de la gourmandise …