Impossible de passer à côté de l’actualité qui aura marqué la semaine : l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Comment s’organise la solidarité du monde de la construction ? Les délais annoncés par le président sont-ils tenables ? Pourquoi les chantiers représentent-ils une si grande menace incendiaire ? Les réponses dans cet hebdoMAF !

Dans le reste de l’actualité, Patrick Bouchain architecte lauréat d’un prix d’urbanisme et un lauréat français au prix Mies van Der Rohe 2019.
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Notre-Dame du BTP

Vinci, Bouygues, Saint-Gobain, Altrad … Sur la photo de famille il ne manque quasiment personne. Tous proposent, d’une manière ou d’une autre, leur participation à la reconstruction de la cathédrale sinistrée et la contribution à une enveloppe qui devrait à terme dépasser le milliard d’euros.

Cet élan de solidarité financier sera accompagné de dons en nature au premier rang desquels on retrouve les 110 000 propriétaires forestiers privés regroupés au sein des coopératives forestières françaises (UCFF) qui proposent d’offrir les chênes de leurs forêts. Une action soutenue par Fransylva, fédération des sylviculteurs de France qui convertira les dons en euros en chênes de France. Derrière ces actions, une volonté de la filière bois française : que la « forêt-charpente » (la charpente de N.-D., a nécessité le bois de 21 hectares de forêt pour sa construction) soit re-construite avec des chênes de France.

De leur côté, les architectes, après avoir exprimé leur émotion, affichent leur détermination par la voix de Denis Dessus, président du CNOA : « les architectes sont prêts à mobiliser tout leur savoir-faire pour participer [à la reconstruction de Notre-Dame], aux côtés des artisans et des autres acteurs du cadre bâti ». En ligne de mire, le concours international d’architecture sur la reconstruction de la flèche, annoncé par le Premier Ministre mercredi.

 

Peut-on vraiment reconstruire Notre-Dame de Paris en cinq ans ?

C’est un vœu émanant de la présidence : reconstruire une cathédrale « plus belle encore, et d’ici à 5 ans ». Mais est-ce sérieusement envisageable pour un chantier dont on ne mesure encore que sommairement l’étendu des dégâts qu’il devra effacer ?

Pour Jean-Michel Wilmotte, architecte du stade Allianz Riviera de Nice, la rénovation du Lutetia ou encore le centre spirituel et orthodoxe russe à Paris, « oui, c’est tout à fait tenable, compte tenu du fait que l’on est capable de construire des stades de 40 à 50 000 places en 2 ans et demi ».

La promesse du président peut donc être tenue, en revanche, il faudra composer avec des matériaux contemporains. Outre le fait que les techniques traditionnelles sont davantage chronophages, les matériaux modernes permettent d’offrir plus de résistance et de sécurité pour l’avenir.

Sur le choix de refaire une charpente en bois identique à celle qui vient de disparaitre, l’architecte Alain-Charles Perrot, architecte en chef des monuments historiques, ne cache pas ses réserves : « je doute que l’on refasse une charpente en bois à l’identique pour Notre-Dame, cela prendrait trop de temps. »

 

Le chantier, un foyer trop bien connu

Le terrible incendie de Notre-Dame est loin d’être un cas isolé. En 2013, l’hôtel Lambert, hôtel particulier de l’île de la Cité flambe durant sa rénovation. En 2016, le dernier étage et la toiture du Ritz brûlent à l’occasion de travaux. L’hôtel de la Marine a récemment dû faire face à plusieurs départs de feu à l’occasion de travaux de rénovation. Et il ne s’agit ici que d’exemples parisiens. Leur point commun : ces incendies ont eu lieu durant des travaux de rénovations, alors que le chantier était … désert.

Avec un incendie de chantier tous les trois jours en moyenne sur la région parisienne, les causes principales sont pourtant connues : des travaux par points chauds. Il s’agit alors du chauffage des lés de bitume nécessaire à l’étanchéité d’une toiture terrasse ou d’interventions sur des éléments métalliques … Par conduction de la chaleur à travers le matériau jusqu’à un isolant combustible.

Comment les éviter ? Le Moniteur réactualise un article paru en 2016 sur les risques d’incendie à l’occasion d’un chantier.

 

Un architecte lauréat du Grand Prix de l’urbanisme, ça en Bouchain coin.

Un architecte qui décroche à l’unanimité un prix d’urbanisme. Voilà la performance réalisé par Patrick Bouchain. Déjà pressenti l’an passé pour cette distinction, les paysagistes de Ter lui avait été préféré. Point de récompense non plus du côté du Grand prix national de l’architecture pour cet architecte qui a toujours refusé l’inscription au tableau de l’Ordre.

Cette année est la bonne et le voilà donc nommé à l’unanimité Grand Prix de l’urbanisme 2019, loué pour sa capacité à faire avancer la réflexion autour de la construction, de l’urbanisme et du service aux occupants.

Car l’œuvre de Patrick Bouchain n’est faite que de cela. Refusant un poste dans une grosse agence au motif qu’elle ne partageait pas le besoin de « connaitre » celui pour qui l’on construit, l’architecte a pris une voie qui n’existait pas, en se la traçant lui-même. De pièces architecturales uniques à son militantisme en faveur du « Permis de faire », on doit à l’homme, aujourd’hui âgé de 73 ans, des renaissances de friches industrielles, et une myriade de successeurs qui ont trouvé dans cette voie « Bouchain », une autre manière de fabriquer la ville, en la rendant à ses occupants.

 

Lacaton & Vassal, Druot et Hutin récompensé au prix Mies Van Der Rohe 2019

Le prix Mies van der Rohe, prix d’architecture contemporaine bisannuel décerné par l’Union européenne, a livré son verdict : parmi les 383 opérations nommés, situées dans 38 pays, c’est un projet bordelais de 530 logements sociaux dans la cité du Grand Parc à Bordeaux qui a été primé.

« A une époque où les commissions responsables de logements sociaux réclament une réduction des surfaces des appartements, les volumes sont ici augmentés. Ils apportent ainsi de la dignité et une plus grande valeur à l’individuel et au collectif » a souligné le jury du prix.

En apposant une greffe modulaire sur l’ensemble, chaque logement a bénéficié de 25m² à 45m² ouverts sur le paysage alentour. Autre avantage de cette réalisation, les travaux en site occupé, alternative moins coûteuse que la trop souvent privilégiées déconstruction/reconstruction. Enfin, un vent d’optimisme nouveau souffle sur les grands ensembles européens qui cherchent désespérément à regagner en attractivité.

Autre distinction tricolore : l’agence toulousaine BAST repart avec le prix Architecture émergente pour la réalisation d’un réfectoire scolaire à Montbrun-Bocage, en Haute-Garonne. Après le concours AJAP en 2018, et le Grand Prix de l’architecture occitane en 2017, encore une belle distinction pour cette jeune agence prometteuse.