La recherche de la cohérence spatiale entre les éléments d’ouvrage des différents corps de métiers est indispensable avant de démarrer les travaux.
MAF Assurances

Des dysfonctionnements récurrents entravent le bon déroulement de la synthèse. Le BIM fait évoluer les pratiques.

La construction n’est pas un empilage de produits. Lorsque les entreprises entrent en phase d’exécution, de multiples détails apparaissent dans lesquels se côtoient et s’entrechoquent les contraintes des différents lots. Une étude spécifique s’impose : la synthèse. Elle permet d’obtenir la cohérence technique entre les ouvrages à réaliser par les différents corps de métiers. Et cela, tout en respectant l’architecture du projet. Cette étape intervient dans le délai des études d’exécution suivant le calendrier géré par le coordinateur OPC. Traditionnellement, la synthèse consiste à « superposer » les plans d’exécution produits par les entreprises pour détecter les éventuels conflits de positionnement des ouvrages, arbitrer les corrections et produire les plans qui portent son nom1. Ces derniers ne devant pas être confondus avec des plans d’exécution : ce sont des documents permettant de finaliser ces derniers2.

Tout cela est bien connu ? Certes, mais rappelons les dysfonctionnements récurrents qui entravent l’accomplissement de la synthèse - et donc le déroulement de la phase d’exécution. Ce sont principalement : le retard de désignation ou de mobilisation des entreprises ; le délai d’études trop court (un grand classique de la préparation de chantier en particulier) ; et une fiabilité insuffisante des données (études incomplètes, ouvrages existants mal connus…). Ces cas résultent souvent du défaut de définition et de contractualisation de cette mission ; et de sa conséquence directe : l’absence de rémunération correctement appréciée et clairement spécifiée.

 

CONTINUITÉ DE LA CONCEPTION

La synthèse peut être confiée à la maîtrise d’œuvre : cette mission3 permet une continuité du travail de conception. Elle l’implique fortement dans le détail du chantier et convient particulièrement aux petites opérations dans lesquelles les artisans ne disposent généralement ni des compétences ni des moyens pour ce travail. Pour les opérations d’importance, la maîtrise d’œuvre y verra un atout pour assurer la continuité des études, et une suite logique à la production des plans d’exécution lorsque la mission EXE est de son ressort.

Confiée à l’entreprise principale, ou au titulaire du lot chauffage-ventilation-climatisation, la synthèse bénéficie d’une bonne articulation avec les études d’exécution de ces lots ; mais attention au risque de discrimination à l’égard des autres corps de métiers. La mission doit alors être soigneusement décrite dans les clauses administratives du marché de travaux.

Enfin, confiée à un bureau d’études indépendant - doté d’une solide expertise en la matière -, la synthèse bénéficiera d’une certaine impartialité dans la gestion des demandes des entreprises.

 

PAS DE VISA ARCHITECTURAL

Dans ces deux derniers cas, les réponses apportées pour résoudre les conflits entre lots sont toujours soumises à l’arbitrage de la maîtrise d’œuvre. Celle-ci veille notamment à la conformité architecturale. En revanche, bien qu’elle participe activement à la synthèse, la maîtrise d’œuvre n’a pas à viser les plans de synthèse (si le maître d’ouvrage ne l’exige pas). Ses visas sont destinés aux plans d’exécution des entreprises.

Soulignons ici tout l’intérêt que les constructeurs doivent désormais porter à la numérisation des projets ; ainsi, la maquette numérique et la plateforme collaborative du Building information model(BIM) facilitent et fiabilisent grandement les études de synthèse et la communication qui l’entoure. Sans pour autant rendre négligeable cette étape. La visualisation 3D des conflits techniques s’impose progressivement.

 

Le contenu de la synthèse

(D’après le chapitre n°4 « Synthèse » de La Boîte à outils chantier de la MAF et « La synthèse », tirée du guide « Architectes, entrepreneurs : mode d’emploi 2019 »)

  • Constitution d’une cellule avec les représentants des entreprises sous la direction d’un responsable (et mise en place de la procédure d’échanges) ;
  • Fourniture, par le lot principal, des fonds de plans de synthèse et réalisation des plans directeurs (plans d'architecte pour les petites opérations) ;
  • Fourniture, par les entreprises, des pré-plans d’exécution ;
  • Mise en forme des plans de synthèse, en cohérence avec les plans techniques des entreprises ;
    • Coordination dans l'espace des réseaux techniques et des gaines ; Identification des conflits ;
    • Cohérence des besoins en réservations et des percements ; élaboration des solutions ;
    • Vérification de la faisabilité´ des calfeutrements et du respect des règlements ;
    • Définition des incidences des appareillages et terminaux sur les lots de finition concernés ;
    • Suivi et coordination des entreprises concernant la mise a` jour de leurs plans techniques ;
    • Arbitrage de la maîtrise d’œuvre
  • Réalisation des coupes de détail pour les points délicats ;
  • Finalisation des plans de synthèse : établissement des tableaux de réservations ;
  • Une fois les plans de synthèse signés par les entreprises, les plans de réservations sont établis par les entreprises.

 

[1] Voir notamment la note intitulée « La synthèse » sur http://ogbtp.com/sites/default/files/documents/Documents/synthesecomite.pdf

[2] Voir la norme NF P 03-001 de 2017, p. 31 : « Les plans de synthèse représentent, au niveau du détail d’exécution, sur un même support, l’implantation des éléments d’ouvrage, des équipements et des installations. »

[3] Voir le chapitre n°4, intitulé « Synthèse » et son outil 4A, dans la Boîte à outils chantier de la MAF : https://www.maf.fr