Paysagisme en France | Une dynamique qui défie les incertitudes
L'Union Nationale des Entreprises du Paysage a dévoilé les performances économiques de la branche du paysage au second semestre 2024, avec le soutien de VALHOR et en partenariat avec le groupe AGRICA.
Le secteur du paysage démontre sa résilience avec une croissance de 3,5 % au second semestre 2024, malgré un contexte économique et politique incertain. Cette progression est principalement portée par l'entretien des espaces verts (+ 5,5 %) et le marché des particuliers (+ 4 %). Le taux de transformation des devis atteint un niveau record de 62 % pour les particuliers, tandis que les marchés publics et professionnels affichent respectivement des hausses de 3,5 % et 3 %.
Sur le front de l'emploi, 75 % des entreprises ont recruté au second semestre, privilégiant les CDI (45 %) pour stabiliser leurs effectifs. Néanmoins, 43 % d'entre elles signalent des difficultés de recrutement persistantes.
Les perspectives pour 2025 incitent à la prudence, avec une croissance anticipée de seulement 0,5 %, contre 2,5 % en 2024. Cette décélération se traduit par une réduction des carnets de commandes (128 jours contre 132) et un net recul des intentions d'investissement (44 % contre 70 % en 2024).
Marseille | L'agence Ter redessine 3 km de littoral sud
L'agence d'urbanisme et de paysage Ter vient de remporter l'appel d'offres lancé par la Ville de Marseille pour élaborer un plan-guide d'aménagement et de développement durable du littoral sud. Ce projet concerne une bande côtière de 3 km, s'étendant du port de la Pointe Rouge au stade municipal Florence Arthaud.
Face à des équipements vétustes, à l'érosion des plages et aux effets du changement climatique, cette intervention devient urgente. Attendu fin 2025, le plan devra répondre à cinq grands axes : l'adaptation climatique, l'unité du site, la qualification des usages, l'apaisement des déplacements et le renforcement de la nature en ville.
La démarche se distingue par une forte dimension participative. Trois balades urbaines, trois ateliers (dont un avec des écoliers), et un dispositif mobile circulant dans les 16 arrondissements permettront d'impliquer tous les Marseillais. Cette zone très fréquentée, qui comprend notamment le parc balnéaire Borély d’une superficie de 50 hectares mérite une vision homogène après des décennies d'urbanisation opportuniste.
Les besoins commerciaux seront également étudiés en concertation avec les acteurs économiques locaux, pour un projet véritablement intégré.
Bardages végétalisés | Les premières règles techniques voient enfin le jour
L'Association française des toitures et façades végétales (Adivet) vient de publier les premières recommandations professionnelles sur les bardages rapportés végétalisés (BRV). Fruit d'une décennie de travail, ce document comble un vide réglementaire dans un secteur à l'interface entre architecture et paysagisme.
Limité aux structures en béton associées à des ossatures métalliques, ce référentiel établit un "Document de référence" (DR) essentiel pour accéder aux règles de l'art. Il aborde les aspects techniques (constitution des ossatures, comportement au feu), mais aussi les spécificités du vivant (complexe de végétalisation, entretien, irrigation).
Contrairement aux toitures végétalisées qui bénéficient de règles professionnelles, les façades n'ont obtenu que des recommandations, la commission prévention produits n'ayant pas accordé un statut équivalent. Malgré cette limitation, le succès est au rendez-vous avec plus de 1 000 téléchargements en deux mois et demi.
Ce premier encadrement technique ouvre la voie à l'assurabilité de ces ouvrages, bien que le parcours reste semé d'obstacles : absence de DTU spécifique et complexité des procédures d'Avis technique, qui ont conduit l'Adivet à recommander des procédures simplifiées, comme les Enquêtes de techniques nouvelles.
Taille des haies | Vers une réglementation plus stricte pour les jardins privés ?
Les paysagistes de la CNATP (Confédération des artisans des travaux publics et du paysage) s'inquiètent d'une possible extension aux jardins particuliers de l'interdiction de tailler les haies entre avril et juillet. Actuellement, cette réglementation ne concerne que les agriculteurs dans le cadre de l'obtention de leurs aides, mais des précédents, comme l'arrêté préfectoral dans les Vosges, qui étend l'interdiction du 16 mars au 15 août, alarment la profession.
Jean-Baptiste Savourat, président de la CNATP, a exprimé cette préoccupation lors de la dernière assemblée générale du syndicat. Il avance deux arguments majeurs : d'abord l'impossibilité technique de concentrer tous les travaux d'entretien sur les mois restants, ce qui engendrerait une surcharge de travail intenable pour les professionnels. Ensuite, un risque paradoxal pour la biodiversité : confrontés aux contraintes de voisinage et aux restrictions de taille, les propriétaires pourraient préférer remplacer leurs haies naturelles par des solutions artificielles, avec un impact négatif sur l'écosystème que la mesure prétend protéger.
