MAF & Vous revient sur le parcours d'un maître d’œuvre, explique son quotidien et esquisse l’avenir. Découvrez notre nouveau numéro réalisé avec David Haggai, fondateur du bureau d’étude toulousain Occinergy.
Occinergy

Lorsque David Haggai répond, le doute ne subsiste pas longtemps. Entre un accent qui chante, des métaphores toutes droits sorties de l’ovalie et une structure qui s’appelle Occinergy, nous voilà à Toulouse. Cet ingénieur est à la tête du bureau d’études techniques qu’il a créé en 2007. Habitué des projets résidentiels et tertiaires, souvent sollicité sur d’autres domaines, il se nourrit de la « diversité ».  

David HaggaiVous êtes à la tête d’un bureau d’études thermiques, énergies, environnement et fluides. 

C’est ça ! Notre expertise nous amène à accompagner le client dans les différents choix qui s’offrent à lui. Nous menons des études comparatives qui permettent de définir la réponse en fonction des objectifs : optimisation technique et économique, performance énergétique, maintenance du bâtiment … 

Quels sont les objectifs de votre intervention ? 

Ils sont divers mais convergent tous vers un seul point : permettre au maître d’ouvrage de faire les bons choix, qu’il soit question d’énergie ou de technique. 

En matière d’énergie, notre expertise réside dans une analyse fine de l’ensemble des paramètres afin de proposer plusieurs typologies de solutions qui seront ensuite arbitrées en fonction des préférences du maître d’ouvrage. 

La partie technique, quant à elle, s’opère en étroite collaboration avec l’architecte. A ses côtés, nous intégrons l’ensemble des paramètres (passages de réseaux, organisation des locaux techniques, besoins en faux plafonds, etc.) avant de livrer des plans en adéquation avec les caractéristiques techniques de l’installation. 

On comprend que de votre travail dépend celui de l’architecte. J’imagine que vous intervenez dès la phase esquisse ?

Oui, plus notre implication se fait en amont, mieux nous pouvons remplir nos missions de conseil et d’assistance à l’architecte qui conçoit. Les données du programme comme la compacité du bâtiment, les orientations, l’utilisation d’énergies renouvelables … sont autant de paramètres qui ont une incidence sur le dessin en lui-même. 

Y a-t-il des architectes avec lesquels vous avez l’habitude de travailler davantage que d’autres ? 

Oui, sans pour autant qu’il n’y ait d’exclusivité ! L’ouverture d’esprit est un prérequis de nos métiers.

D’où l’impératif d’une grande proximité entre les différents acteurs d’un projet ?

Oui, et on le constate tous les jours sur le terrain. Notre objectif est de monter le dossier technique le plus fiable possible de manière à ce que les entreprises, en phase exécution, puissent le mettre en œuvre facilement. 

Cela implique que nous soyons unis, un peu à l’image d’une mêlée au rugby !

Une mêlée qui doit résister à la pression qu’impose le poids de la responsabilité de la conception … 

Oui ! Tous les maîtres d’œuvres forment une équipe qui repose sur la capacité des intervenants à renforcer le projet, chacun dans son domaine. 

Qu’est ce qui occupe l’esprit lorsque l’on est à la tête d’un bureau d’études ? 

De nombreuses choses (rires) ! Si de manière générale, notre activité est discutée par certains intervenants qui s’affranchiraient bien volontiers de notre présence, le contexte local toulousain est aussi particulier.

A cela s’ajoutent les difficultés « classiques » d’un chef d’entreprise entre la gestion des ressources humaines, des clients, du commercial…

Quel regard sur l’année écoulée ?

Il a fallu s’adapter au télétravail malgré une organisation qui était jusqu’alors plutôt « sédentaire ». A force d’organisation et d’implication de chacun, je peux le dire : l’adaptation s’est bien passée et nous sommes parvenus à maintenir un niveau correct d’activité !

Prochainement, de nouveaux collaborateurs devraient étoffer notre équipe. 

Des perspectives optimistes ! 

Oui, il faut l’être autant qu’il convient de se préparer à la relance qui se profile. Je la crois assez inévitable, très liée à cette crise si particulière. 

Qu’est-ce qui vous anime dans votre métier ? 

Ce que nous avons perdu avec le contexte sanitaire ! Le plaisir d’échanger, de se rencontrer avec nos clients et nos partenaires, cet ensemble de personnes avec qui nous avons plaisir à travailler, à échanger. Il me tarde vraiment que les choses rentrent dans l’ordre ! 

Si vous n’aviez pas été ingénieur qu’auriez-vous fait ? 

Je ne sais pas, rien ne me prédestinait réellement à le devenir. Je suis issu d’une famille d’ouvriers. La vocation est venue au fil des années, au gré de mes rencontres. Aujourd’hui je serai en revanche incapable de vous dire ce que je ferais si je ne l’étais pas ! Mais maintenant que vous me posez la question, je me verrais bien en gérant d’un bar sur la plage …

A Toulouse, vous avez déjà les bars, il ne vous manque plus que la plage ! On entend souvent dire que les architectes ont un devoir et une liberté de créativité, charge aux ingénieurs de rendre le projet réalisable … ?

(rires) C’est à la fois vrai … et faux ! Les architectes concentrent toutes les problématiques que ce soient celles du client, des bureaux d’études, du bureau de contrôle … Or, au-delà d’une caisse enregistreuse de tous les problèmes, leur prérogative première reste la conception !

Ils nous mettent face à certaines contraintes. C’est là aussi tout le challenge : proposer le maximum d’éléments qui répondent aux attentes. Toutefois, à l’impossible nul n’est tenu ! Lorsque ce n’est pas réalisable, nous trouvons ensemble des alternatives.

Architecture & Technique, que vous connaissez bien pour régulièrement travailler avec eux, est-ce une bonne agence ?

Je ne vais pas le dire trop fort, je ne voudrais pas qu’ils m’entendent … Mais c’est aujourd’hui une solide et talentueuse agence d’architecture en plein développement.

Vous la recommanderiez à des amis ? 

Évidemment ! On recommande toujours ses amis à ses amis …