Bonjour Madame Trébel, merci de répondre à nos questions !
Bonjour, avec plaisir !
La première question est simple : si vous êtes architecte, c’est grâce à …
Le hasard ! Je n’y crois pas trop, mais si je suis devenue architecte, ce n’était pas prémédité. J’ai toujours voulu faire du dessin, de la peinture, mais je savais le secteur peu rémunérateur. J’ai passé et réussi le concours des Beaux-Arts, mais peu convaincue sur les débouchés, je ne me suis finalement pas inscrite. J’ai alors passé le concours des Arts Déco, que je n’ai pas eu, et me suis inscrite en architecture pour obtenir une équivalence qui existait à l’époque. C’est là que le hasard intervient : l’année où j’entre en architecture l’équivalence disparait, ce qui est d’abord une très mauvaise nouvelle. Mais la très bonne nouvelle, c’est que j’ai adoré l’architecture et ne l’ai plus jamais quittée !
Une prédisposition dans la famille peut être ?
Je suis arrière petite fille d’architecte, donc est-ce que j’ai hérité d’une fibre particulière ? Je ne sais pas. Ce que je sais en revanche, c’est que j’ai toujours été fascinée par les maisons et immeubles que mon arrière-grand-père (architecte) avait construite. La réflexion sur les usages du quotidien, la conception de l’ensemble … Tout cela m’a toujours intéressée de très près.
Vos premiers pas dans l’architecture ?
J’étais en 2ème année d’école d’architecture, et déjà le besoin de terrain, de réalisations concrètes s’est fait sentir. A nouveau, un concours de circonstances est à l’origine de mes débuts ! Alors que chacune de mes candidatures auprès d’agences se heurtaient à un manque d’expérience qu’on me reprochait systématiquement, j’ai joué la carte de l’audace. Un jour que je me rendais chez des amis, dans leur escalier, j’ai vu une opportunité : une agence d’architecture dans le même immeuble, et la porte d’entrée grande ouverte. Je suis entrée et ai demandé s’ils n’étaient pas à la recherche d’une architecte débutante. Un des architectes m’a reçu lors de 30 minutes d’entretien, une semaine plus tard il me recontactait. J’y suis restée deux ans. J’ai eu la chance d’être mise rapidement sur des projets intéressants, et d’apprendre énormément de cette mise en situation rapide.
Partant de là, je suis passé par plusieurs agences de tailles variées, tout en réalisant beaucoup de projets personnels sans être diplômée.
J’ai finalement passé mon diplôme en 1999, après avoir commencé mes études d’architecture en … 1986 ! J’ai tout fait en jonglant entre le travail dans les agences et les cours. Avec mon diplôme en poche, l’aventure CTArchitectures a pu commencer.
Qu’est-ce qui vous anime dans votre métier ?
La nouveauté, le renouveau qu’impose chaque projet. Chaque client, chaque attente, chaque contexte est différent. Chaque fois, on doit remettre les compteurs à zéro et repartir, forts de notre base technique.
J’affectionne également beaucoup l’aspect investigation qui accompagne chaque nouveau projet : quels seront les usages, à quoi servira la réalisation, quelles sont les normes qui régissent ce type d’ouvrage, comment peut-on expliquer ou anticiper les sinistres … Je trouve ça très intéressant.
Pour parler plus de l’architecture elle-même, j’aime beaucoup la veille permanente. Un nouveau matériau ? Je le garde sous le coude pour pouvoir l’utiliser quand ce sera pertinent. Une nouvelle norme ? Je devrais m’en rappeler lors d’un futur projet.
Votre petit rituel du matin ?
Ouvrir mes mails prendre mon café, traiter les urgences et regarder les oiseaux dans le jardin ! Rien de très original. (Rires)
J’ai des méthodes de travail bien à moi : je ne regarde mes mails qu’à des moments que je fixe. Etre joignable en permanence sur son téléphone ou sa boite mail, c’est prendre le risque d’être pollué en permanence par des interférences extérieures qui nuisent à la créativité, et à la concentration primordiale dans notre métier …
Votre quotidien, de quoi est-il fait ?
Beaucoup de bureau, beaucoup trop de documents écrits, des rendez-vous de chantiers, des rendez-vous clients, des expertises en tant qu’experte judiciaire, de rendez-vous avec des fabricants à propos des nouveautés … trop peu de temps alloué aux projets à la création.
Mais également beaucoup de formations, car les choses évoluent très vite. A ce niveau-là, la MAF fait beaucoup pour nous proposer des ateliers utiles et à jour, qui permettent de faciliter un peu notre quotidien.
Je trouve personnellement que les études forment assez mal à toutes les procédures administratives qui sont indissociables du métier d’architecte. C’était le cas lorsque j’étais étudiante, mais je pense que ça reste très vrai aujourd’hui également. J’ai pu le constater au moment de recruter de jeunes architectes en stage ou fraichement diplômés. Leurs formations techniques et économiques sont, à mon sens, lacunaires.
Quels sont les risques majeurs qui menacent votre exercice, votre quotidien ?
Les entreprises avec lesquelles nous travaillons. Pour vous donner un exemple, j’avais pour habitude de travailler avec une entreprise depuis 20 ans. Quand le père a cédé au fils l’entreprise, les méthodes de travail ont radicalement changé : il ne traitait qu’avec des intérimaires. Résultat, une vraie dégradation de la qualité du travail et du professionnalisme. J’ai même appris qu’un des menuisiers était en réalité … cuisinier !
La deuxième menace qui pèse sur les épaules des architectes est plus sociétale. Je trouve qu’il y a un vrai manque de connaissance de l’intérêt de faire appel à un architecte. Même si vous proposez quelque chose au juste prix, c’est toujours trop cher pour les clients car ils ne comprennent pas toujours la valeur ajoutée de notre travail.
Ma satisfaction vient une fois le chantier terminé. C’est souvent que mes clients comprennent notre rôle quand ils discutent avec d’autres personnes qui n’auraient pas fait appel à un architecte. L’absence de problème dans la conduite de leur projet est notre meilleur argument !
La MAF, une évidence ?
Une belle évidence ! Les formats et les conseils sont nombreux : les fiches pratiques, les rencontres lors des ateliers de la MAF, le site internet … tout cela est d’une aide précieuse pour nous !
Tout cela implique une chose : prendre le temps d’aller chercher l’information, et ne pas vivre sur ses acquis. Les obligations, les textes de loi et les usages évoluent sans cesse, et cela nous demande une veille attentive et quasi quotidienne du secteur pour être sûr d’exercer notre métier de la meilleure des manières.
L’aide de la MAF à ce niveau est considérable et vraiment pertinente.
Votre relation avec la MAF en 3 mots :
Sympathique, technique et précieuse !
Merci Madame Trébel pour toutes vos réponses ! A bientôt lors d’un Rendez-vous de la MAF ?
De rien. Avec plaisir !
L’avis de Charlotte Douce, conseillère MAF de Christine Trebel.
L'exercice d'une profession libérale impose une grande polyvalence. En ce qui concerne les architectes, il faut maîtriser en plus de son métier plusieurs problématiques qui sont en dehors de l'acte de construire : tracas d'ordre juridique, administratif, comptable, financier, commercial...
A ce niveau-là, les agences ne sont pas égales et souvent, les "grandes" agences d'architecture sont plus équipées que celles plus petites, qui n'ont généralement pas de spécialiste dédié.
Nous tentons à la MAF d'apporter des solutions à chacun. Ainsi, en plus de les défendre en cas de réclamation, nous renseignons bien sûr nos adhérents sur l'étendue de leurs responsabilités et les conseillons sur les moyens de se protéger, ce qui est notre cœur de métier, mais également dans la mesure du possible, nous les aiguillons lorsque la question ne relève pas de notre domaine.
L’étendue des garanties du contrat MAF offre une grande liberté aux architectes. En effet, nous définissons ce contrat d'assurance comme un contrat "tout sauf", c'est-à-dire qu'il ne comporte que très peu d'exclusions et laisse le champ libre aux architectes dans leurs modalités d'exercice, le choix de leurs projets et les techniques de construction auxquelles ils souhaitent recourir.
Par ailleurs, la MAF est très engagée dans le développement de l'exercice de la profession, et notamment via les réunions d’information juridique qu'elle propose régulièrement à ses adhérents, la palette d'outils qu'elle met à leur disposition (la nouvelle "Boîte à outils chantier"), ou encore son implication dans le recours au BIM (proposition de contrats type) ainsi que sa contribution à l’évolution de la jurisprudence en faveur de la profession.
Pour être aux côtés de nos adhérents le plus souvent possible, nous multiplions les points de contact. Le téléphone et le mail restent les canaux de communication privilégiés grâce à la rapidité qu’ils offrent. Les « Rendez-Vous de la MAF » partout en France et les rencontres organisées en collaboration avec les Ordres régionaux, nous permettent d’aller à la rencontre de nos adhérents.
Multiplier les occasions de se rencontrer, c’est l’assurance de toujours être en phase avec les projets de nos adhérents.
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