Le BIM est dans toutes les bouches, mais il est loin d’être dans tous les projets. Afin d’accompagner ses adhérents, la MAF propose des modèles de contrats pour que les nouvelles missions d’AMO BIM et de BIM Manager issues du processus collaboratif ne deviennent pas un nouveau piège dans lequel leurs responsabilités seraient exposées de manière trop importante.
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Pas de mauvais esprit : malgré ce que pourront en penser les plus réfractaires, face aux phénomènes croisés de multiplicité des intervenants et de complexité des projets, l’outil collaboratif a un boulevard devant lui. Cette pratique, plutôt réservée aux agences anglo-saxonnes tente de s’imposer aujourd’hui en France et se démocratise peu à peu à mesure que les acteurs à l’acte de construire, et notamment la maîtrise d’ouvrage, en découvrent les avantages. Les premiers des convaincus sont les pouvoirs publics, qui en ont fait un de leurs axes stratégiques. Le « Plan BIM 2022 » est la traduction dans la construction de la transition numérique enclenchée à tous les niveaux de l’État.
Résultat : en queue de peloton des pays européens ayant fait le choix du BIM en 2013, la France est aujourd’hui dans le groupe de tête à 35 % des projets immobiliers réalisés avec l’aide de cet outil collaboratif. (Source : BIM Survey de McGraw Hill Construction.) 
 

BIM Manager, l’OPC de la maquette
L’émergence de la pratique a poussé l’apparition d’un nouvel acteur, incontournable  : le BIM Manager. Concrètement, il est le gardien de la maquette. Rien ne doit se faire sans lui : il en est le garant. Juridiquement, cette mission n’est pas réglementée. Selon une grande partie de la doctrine, il ne doit pas être considéré comme un constructeur tel que le prévoit l’article 1792 du code civil. En ce sens, il n’a ni vocation à modifier la maquette d’un intervenant ni l'autorité pour le faire. Encore moins la possibilité de la réaliser pour lui.
 

Une alternative aux outils de travail collaboratif
Afin d’offrir une alternative aux outils de travail collaboratif souvent jugés trop chers, les pouvoirs publics ont développé Kroqi. Gratuit, il s’adresse à tous les professionnels de la construction et propose un ensemble de services facilitant l’usage du BIM, notamment pour les TPE/PME de la filière :

  • Partage et gestion des fichiers et maquettes numériques BIM de manière sécurisée.
  • Visualisation et vérification des maquettes numériques sans recours à des outils complexes et payants.
  • Accès à divers services métiers permettant d’optimiser l’activité professionnelle, intégrés aux processus de conception et de collaboration BIM.
  • Facilitation de la collaboration avec les partenaires ou clients (fils de discussions, visioconférence, gestion partagée des agendas, suivi des tâches…).

« La tentation est d’autant plus grande qu’elle est souvent logique : lors d’une réunion de suivi de projet, un des maîtres d’œuvre avoue ses lacunes en 3D et son incapacité à livrer son travail au format attendu. Pour simplifier les choses, par sympathie ou pour n’importe quelle autre raison, le BIM Manager lui propose de s’y atteler. Et c’est là une prise de risque : il y a alors substitution, et sa responsabilité peut être engagée si une erreur a été commise », explique Michel Klein.
Quelle posture adopter face à cette situation  ? « L’incompétence d’un des acteurs ne doit pas peser sur les épaules du BIM Manager. Le bon réflexe est alors d’alerter le maître d’ouvrage sur la défaillance d’un des intervenants. Charge à lui de prendre une décision : mise en demeure, changement,…» poursuit Michel Klein.
 

Contractualiser le BIM
Au cœur de la mêlée, mais responsable de l’application des règles imposées par la convention BIM dont il est l’auteur, agrégeant le travail de tous mais ne pouvant porter les fautes de chacun, le BIM Manager est exposé.  « Pour que tout le monde puisse travailler sereinement, il est indispensable de passer par la contractualisation », explique Hippolyte Dumézil, directeur des contrats. 

  • Qui est responsable des délais ? 
  • Que doivent contenir les livrables ? 
  • Quel est le pouvoir de coercition sur les autres acteurs ?

Toutes ces questions doivent trouver une réponse avant même le début du projet. Le maître de l’ouvrage va établir à l’aide d’un AMO BIM le cahier des charges des BIM. C’est à partir de ce document que le BIM Manager rédigera la convention, véritable point d’encrage du fonctionnement du BIM entre les acteurs. C’est la raison pour laquelle la MAF conseille fortement à ses adhérents de rendre cette convention BIM opposable à l’ensemble des intervenants concepteurs et réalisateurs de travaux dans les pièces contractuelles. Dès 2017, la MAF s’est entourée d’un groupe d’experts afin de développer des contrats types permettant à ses adhérents de délimiter le rôle de chacun des intervenants dans le cadre du BIM.

Une question subsiste : pourquoi la MAF fut-elle la seule à se saisir de ce sujet afin de proposer une solution adaptée ?

« Qui d’autre que la maîtrise d’œuvre peut porter une vision globale sur le projet ? À notre sens, personne ! Et ce n’est pas pour prêcher pour notre paroisse : dans de nombreux cas le choix de l’architecte ou du mandataire de groupement est naturel pour la maîtrise d’ouvrage. Les architectes conçoivent depuis très longtemps en 3D ! » conclut Hippolyte Dumézil.
La MAF en sa qualité d’assureur spécialiste de la maîtrise d’œuvre se doit de leur proposer une solution sur mesure.
 

Quel coût pour le BIM ?
Pour la MAF, l’arrivée du BIM est considérée comme une évolution des métiers de la conception avec l’utilisation de nouveaux outils dans un environnement collaboratif. Cela se traduit pour nos adhérents réalisant leurs missions habituelles en BIM par un maintien de leurs conditions d’assurance antérieures.  Pour ceux réalisant ces nouvelles missions d’AMO BIM et de BIM Manager, en dehors de toute mission de maîtrise d’œuvre, la MAF a mis en place une offre d’assurance adaptée :
Tarification de la mission de BIM Manager sans intervention dans la maîtrise d’œuvre : depuis la déclaration de vos activités 2018, la mission est déclarée sur honoraires au taux de 3,18 % du montant des honoraires HT facturés.
La tarification de la mission d’AMO BIM : vous déclarez l’opération sur la base du montant des honoraires (intercalaire orange clair) comme une mission d’AMO classique. 
Taux applicable : 1,38 % des honoraires HT facturés.