Cette semaine, la MAF revient sur l'actualité des architectes d'intérieur. Entre créativité et responsabilité : la Design Parade 2025 explore les tensions du design actuel à Hyères et Toulon, le musée de Rouen célèbre l'héritage de Maxime Old, et la justice rappelle fermement les limites entre les titres professionnels avec la condamnation d'Elodie Mellot pour usurpation.
architectes d’intérieur n°13

Design Parade 2025 | Deux visages du design contemporain

La Design Parade 2025 révèle les tensions créatives de notre époque. Depuis juillet dernier, la Villa Noailles d'Hyères et l'ancien évêché de Toulon accueillent l'exposition des finalistes du Grand Prix, traduisant deux visions radicalement opposées du design contemporain.

D'un côté, les dix designers d'Hyères proposent des objets ludiques et colorés, inspirés par l'univers fantasque de leur président de jury, l'Espagnol Jaime Hayon. Simon Dupety a remporté le Grand Prix avec sa lampe hybride mêlant LED et glands de chêne, incarnant une production technique qui sacralise le vivant.

À Toulon, l'atmosphère s'assombrit. Les dix architectes d'intérieur explorent des futurs dystopiques marqués par l'éco-anxiété. Harry Nuriev, président du jury, présente son "Appartement transformiste" où des objets du quotidien deviennent mobiliers post-apocalyptiques. Thomas Takada a obtenu le Grand Prix avec sa "Villa des échos", une chambre entièrement constituée de végétaux et cailloux locaux, traduisant de façon poétique la nécessité d'un retour aux matériaux naturels face à la crise climatique.

Entre abris souterrains anti-atomiques et systèmes de régulation thermique autonomes, les propositions toulonnaises reflètent les inquiétudes d'une génération confrontée aux défis environnementaux. L'exposition "Petits Mondes" à l'Hôtel des Arts apporte une note d'espoir en célébrant un siècle de design pour enfants.

Les visiteurs ont encore un mois pour découvrir ces créations à Toulon avant la fermeture début novembre.

Du paquebot France à l'hôtel de ville de Rouen | L'empreinte de Maxime Old

Le musée des Beaux-Arts de Rouen consacre une exposition majeure à Maxime Old (1910-1991), figure incontournable de l'architecture d'intérieur française. Du 28 juin 2025 au 5 janvier 2026, cette rétrospective révèle l'œuvre d'un créateur qui a marqué plus de six décennies par ses réalisations emblématiques.

L'exposition dévoile des projets méconnus à Rouen : la salle du Conseil de l'hôtel de ville et la Halle aux toiles, témoins de son approche novatrice. Maxime Old concevait l'espace comme un tout cohérent, où mobilier et architecture fusionnent pour créer des atmosphères fonctionnelles et solennelles. Ses créations ont habillé des lieux prestigieux : paquebots transatlantiques, ambassades françaises et institutions culturelles majeures.

Le parcours immersif comprend huit sections, avec notamment la reconstitution de son showroom parisien de 1956 et de son bureau d'étude. Les visiteurs découvrent des croquis des originaux, des objets iconiques et du mobilier encore utilisé aujourd'hui. Point fort de l'exposition : "Le laboratoire", fruit d'une collaboration avec l'École nationale supérieure d'Architecture de Rouen. Les étudiants revisitent son univers au XXIe siècle, démontrant combien son regard sur le confort, le luxe et la fonctionnalité reste d’une étonnante modernité.

Faux et usage de faux | Une architecte d'intérieur condamnée dans le Cher

Le tribunal de Bourges vient de rendre une décision exemplaire dans une affaire d'usurpation du titre d'architecte. Elodie Mellot, architecte d'intérieur exerçant dans le Cher, a été condamnée le 4 mars 2025 à sept mois d'emprisonnement avec sursis et 4 500 euros d'amende pour avoir utilisé frauduleusement le titre d'architecte entre 2018 et 2022.

L'affaire révèle une pratique malheureusement trop répandue : l'entretien volontaire d'une confusion entre les titres d'architecte et d'architecte d'intérieur. Depuis 2015, la prévenue contractait avec clients particuliers et professionnels sans être inscrite au tableau de l'Ordre, condition sine qua non pour porter légalement le titre d'architecte selon la loi du 3 janvier 1977.

Plus grave encore, l'enquête a mis au jour la falsification de documents officiels : fausses attestations d'inscription au tableau régional d'Île-de-France, faux courriers de mise en demeure et falsification de trois demandes de permis de construire. Ces agissements, constatés à Sancerre, Jars et Bué, ont conduit le Conseil Régional de l'Ordre des Architectes Centre-Val de Loire à saisir la justice en juin 2022, après deux rappels à la loi restés sans effet.