L’HebdoMAF, toujours connecté, propose un tour de l’actualité largement occupée par la crise liée au COVID-19. Délivrance des permis de construire, l’Ordre met à disposition des établissements de santé l’expertise des architectes, l’impossible reprise rapide des chantiers et les apprentissages qu’il faudra tirer pour construire la ville de demain … C’est l’actualité de cette troisième semaine de confinement.
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Trouver le remède dans les causes de l’épidémie
 
Pour Jacques Ferrier, architecte co-fondateur de l’agence Ferrier Marchetti Studio, si la ville, dense, est aujourd’hui l’épicentre de l’épidémie qui paralyse le globe, elle doit aussi en être un des premiers éléments de réponse post-COVID-19.
 
Dans un contexte de crise environnementale, sanitaire ou sociale permanente, la question n’est pas de savoir si nouvelle catastrophe il y aura, mais comment s’y préparer. Pour l’architecte, nul doute possible : le modèle de ville doit être repensé.
 
Déjà à l’origine des métropoles d’aujourd’hui, Jacques Ferrier explique dans les colonnes du site d’information lemoniteur.fr, que le courant hygiéniste, s’il est venu à bout des grandes épidémies, n’est plus taillé pour faire face aux enjeux d’un monde globalisé.
Quels seront les contours de ce nouveau paradigme ? Les livres d’histoire le diront. Pour l’heure, l’architecte le martèle : tous les paramètres de la ville doivent évoluer pour tendre « vers une densité hybride, variable, adaptable, dans un environnement urbain en résonnance avec la planète ».

 

Les architectes en première ligne face au coronavirus
 
La crise actuelle le montre : les établissements de santé français ne sont pas dimensionnés pour faire face à l’afflux de patients contaminés. Dans ce contexte, la place occupée par le traitement des maladies infectieuses explose dans toutes les structures d’accueil des malades.
 
Si des efforts et des moyens supplémentaires ont été annoncés par le premier ministre samedi 28 mars, les architectes peuvent jouer un rôle important face à la crise. Dans ce contexte où une spécialité prend le pas sur les autres, il s’agit avant tout de composer avec l’existant pour en tirer le meilleur profit.
 
Aménagement des Ehpad, installation de services de soins ou de consultation dans des bâtiments non hospitaliers, réorganisation du parcours de santé avec évitement des flux et abaissement de la charge virale de l’air ambiant … Des missions à mener d’urgence pour soulager, dans la mesure du possible, les personnels de santé.
 
Mais les propositions du représentant ordinal vont plus loin : pour lutter contre l’épidémie, les gymnases, hôtels, et plus généralement, les locaux disponibles doivent permettre d’accueillir des malades dans des conditions d’hospitalisation ou de consultation optimales.
 
Pour accompagner ce changement d’usage, Denis Dessus, Président de l’Ordre National des Architectes, propose le concours des concepteurs. Au cœur de la crise, les architectes disposent d’une expérience bienvenue dans le domaine, laissée libre par l’arrêt complet du monde de la construction.


 
Les chantiers confrontés à leur impossible reprise
 
Il fallait le vivre pour le croire : l’activité d’un pays tout entier peut s’arrêter de tourner en quelques heures. La question qui se pose maintenant est celle de la reprise : sera-t-il aussi simple de relancer un chantier que de l’arrêter ? Certainement pas selon l’architecte Pascale Guédot, prix de l’Équerre d’Argent en 2010.
 
Preuve de son pessimisme quant à la suite, l’architecte prend en exemple un de ses chantiers dont la livraison était attendue pour la mi-mars : « Comment allons-nous y arriver ? Nous devons solliciter le coordonnateur sécurité et protection de la santé pour mettre en place des solutions, nettoyer toutes les installations de chantier, fournir des masques, tenir les ouvriers à distance les uns des autres alors qu’ils travaillent souvent en binôme, ouvrir d’autres salles afin de leur éviter les déjeuners collectifs, etc… Autant de mesures barrières que le maître d’ouvrage nous a demandé de chiffrer ».

Et cela, sans compter sur l’impossible collaboration entre les différents corps d’état dépendant les uns des autres et privés, pour l’instant, de réunions si décisives pour l’avancement.
 
Une seule certitude pour Pascale Guédot : « Les règles et les mesures auxquelles nous réfléchissons serviront lorsque l’activité reprendra et bien au-delà. Le coronavirus ne va pas disparaître, il faudra donc rester vigilant. »


 
Suspension des délais d’instruction pour les demandes de permis : entre sidération et incompréhension
 
Pour faire face à l’exceptionnel de la situation, le gouvernement a adopté 25 ordonnances, notamment sur les procédures de délivrance, d’exécution et de contrôle des autorisations d’urbanisme.
 
Seulement, pour la Fédération Française du Bâtiment, ces décisions auront une conséquence : aucun permis de construire ne sera délivré avant le 25 Juin. Et, conséquence de la conséquence, les permis délivrés ne seront purgés de recours qu’au 25 octobre 2020.
 
Une situation qui obscurcit davantage l’horizon de la construction qui voit s’accumuler les freins à sa reprise face à elle. Déjà pénalisés par une baisse de la délivrance de permis de construire traditionnelle, observée les années pré-municipales, c’est désormais au report de l’installation des conseils municipaux et à la gestion par les mairies des affaires courantes que doivent faire face les constructeurs.
 
Si la vie politique de la nation ne venait à reprendre que fin Juin, le rythme normal des autorisations d’urbanisme ne reprendrait que dans le courant du mois de Septembre. Embouteillage à prévoir à la rentrée de Septembre donc, auquel s’ajouteront les milliers de dossiers à traiter déjà en attente avant que ne survienne la crise.
 
C’est une décision prise sans concertation que dénoncent les entreprises de la construction, menaçant de porter un coup fatal à un secteur économique pesant 11% du PIB national, déjà très sinistré avec 95% d’arrêt de l’activité, et considéré par le gouvernement comme indispensable et stratégique pour limiter les effets économiques de l’épidémie qui frappe le pays.